Le film est-il vraiment violemment glauque, noir, allant même jusqu'à la misanthropie gratuite, comme on me l'a souvent présenté? Je ne pense pas.
Alors certes, c'est noir et c'est glauque, mais c'est surtout une formidable résurrection du film noir. Ici, pas de méchant, juste des personnages au passé trouble qui se croisent, se parlent de choses dont on ne peut que deviner le sujet, s'entrecroisent, errent sans but apparent... Une narration bien déstructurée, servie par une très belle BO.
Mais c'est peut être dans le manque de structure que se cache justement la faiblesse du film. Car justement, comme tout est déstructuré, le film fait parfois l'effet d'un puzzle, ne montrant que des éléments importants à assembler, omettant parfois un réel qui pourtant se doit d'être présent afin de justifier la violence du film. Pourquoi insister sur quelques éléments que l'on a compris, et pourquoi d'un autre côté volontairement brouiller les pistes en arrêtant le cadre a 2mm de ce que l'on veut voir? Ca fait sortir complétement du voyage sans fin dans lequel le film nous envoie, et rappelle brutalement à nos sens qu'il s'agit bien de cinéma.
Mais au-delà de ces quelques bavures, le film offre surtout une très belle relation amoureuse, avec un couple Lindon/Mastroianni qui fonctionne à merveille, avec notamment la première scène entre eux, complètement torride.
Bref, quelques défauts de sur-stylisation, mais la poésie noire se crée et le film nous emmène là ou il veut. Un film à l'ambiance fascinante, quasiment hypnotique durant ses meilleurs passages.