Avec "Les Sentiers de la Gloire" Kubrick revient à ses premiers amours, les films de guerres. Sortit en 1957, ce film pose une critique frontale de la hiérarchie militaire. Opposant les hauts-gradés dans leur confort et les soldats dans la boue, il met en évidence ce qu'est capable l'être humain pour parfaire son image, la logique militaire qui n'a pas de sens, les sentiments humains.
Esthétiquement les lumières sont toujours très belles, Kubrick n'hésite pas à faire bouger la caméra (plan steady-cam, travelling, panotage), ses cadres sont de plus en plus travaillés même si il reste des plans encore un peu trop basique (beaucoup de plan taille qui suivent les personnages dans leurs mouvements). Le jeu est bon, Douglas n'est pas dans l'excès et les généraux transpire la haine le snobisme. C'est une très bonne idée d'avoir rendu le général Broulard souriant, cynique et lâche cela le rend encore plus détestable.
Concernant la musique, on reprend une marseillaise arrangée dans le générique de début, de la musique classique chère à Kubrick et des percussions insoutenables dans la scène ou les 3 soldats se font tuer. Objectivement l'une de ses meilleures B.O jusqu'alors.
Pour ce qui est de l'écriture, il s'agit d'une adaptation qui s'inspire en plus de faits réels. En effet, lors de la première guerre mondiale, l'armée française a bien fait exécuté des soldats pour "montrer l'exemple". Cela explique l'interdiction de diffusion du film pendant près de 20 ans dans les salles françaises. Et oui, un soldat s'est vraiment fait abattre sur une civière.
Film de guerre profondément anti-militariste et réaliste est aussi particulier car pas une fois on voit les soldats allemands ! Le film se concentre vraiment sur les relations entre les êtres humains dans un milieu donné, ici l'armée. Pas besoin de gros effets spéciaux et d'explosions à tout va, revenons à la source du malheurs, les traits de caractères humains.
Le pessimisme réaliste de Kubrick refait surface dans ce film. A la fin, les 3 soldats vont bien se faire exécuter, on perd alors toute espoir mais la scène de fin nous redonne de l'air et de l'espérance. En voyant tous ses hommes chanter et pleurer avec la future femme de Kubrick, on reprend foi en l'humanité (c'est d'ailleurs une des rares scènes de toute la filmographie de Kubrick ou on tombe dans une sorte de sentimentalité). Le film se finit en donnant l'ordre aux soldats de retourner dans l'enfer, Le maître nous met à terre.
Stanley pose encore une fois un constat sur ce qu'est l'être humain. Il nous dit que oui, l'être humain possède beaucoup de vices en lui et peut se montrer particulièrement odieux et inhumains avec ses semblables mais il est aussi pleins de sentiments, de sensibilité et d'amour.
Malheureusement, la violence et l'animalité l'emporte souvent...
"L'enfer c'est les autres."