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Le film de procès est quasiment un genre en soi. Un genre hybride qui peut être un thriller, un film historique, une comédie, un drame, un documentaire... voir tout en même temps. La plume d'Aaron Sorkin transcende ce genre en y apportant une intensité incroyable autant à travers le découpage narratif que par l'écriture des dialogues.


Les sept de Chicago est une œuvre prenante et prégnante à la réalisation retenue qui met en avant cette caricature de procès qui eut lieu après les manifestations de Chicago en 1968 contre la guerre du Vietnam. Ce triste simulacre s'illustre par une galerie de personnages hauts en couleurs et une ironie aussi triste de grinçante. Cette petite touche de légèreté qui agrémente un procès absurde n'efface jamais la volonté de rester sérieux dans le fond et dans les thématiques sociales et raciales abordées.


Aaron Sorkin a le sens de la narration, c'est acquis depuis longtemps. Mais le metteur en scène a aussi le sens du spectacle. Il maitrise son suspens et déploie des situations intéressantes en marge de l'intérieur du tribunal. Que cela soit entre les audiences ou via les flash-back, on y retrouve un équilibre qui fait que l'œuvre se savoure sans temps morts.


Si l'écriture est un des piliers des Sept de Chicago, l'incarnation des personnages par une distribution parfaite en est un autre. Sacha Baron Cohen, Eddie Redmayne, Mark Rylance, Yahya Abdul-Mateen II, Frank Langella ou encore Jeremy Strong pour ne citer qu'eux apportent cette saveur toute particulière qui implique le spectateur dans cette "bande" et leurs convictions.


Le film ne va peut-être pas au bout de certaines de ses idées, mais elles ont cependant le mérite d'avoir une place dans un film aux thématiques déjà bien chargées. Cela n'enlève donc rien à la portée sociale du film. L'œuvre d'Aaron Sorkin fait encore écho à une actualité terrible à travers le monde.


Il est rare de voir des films de procès aussi intenses qui évitent, autant que faire se peut, de céder à la facilité des bons sentiments. Même si le final reste très "Amérique" dans l'âme, ce que l'on retiens c'est le spectacle absurde d'un procès dont les ficelles sont tirées de bien plus haut. Les sept de Chicago est définitivement un des grands films de procès à voir.

MassilNanouche
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le 13 oct. 2020

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Massil Nanouche

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