Il y a des réalisateurs qui ont, pour reprendre l'expression, une patte particulière. Alex De La Iglesia fait sans aucun doute partie de ceux-là. Le réal Espagnole a su, dès 1992 avec Action Mutante, son premier film, faire valoir sa vision du cinéma. Un cinéma où l'absurde s'entrecroise avec le sérieux et où les changements de ton sont devenus un style qui lui est propre tant il est présent dans la majorité de ses longs métrages.
Beaucoup trop méconnu hors de son pays, Iglesia est pourtant l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, je ne peux donc que vous conseiller de vous procurer certains de ses films si vous n'en avez pas déjà vus. 800 balles, Le Crime Farpait ou encore Balada Triste sont des films à voir absolument. Mais pour l'heure, penchons nous sur son tout dernier bébé, Les Sorcières de Zugarramurdi.

Tout commence à Madrid, quand une équipe de braqueurs décide de s'attaquer à une bijouterie. Malheureusement pour eux, tout ne se déroule pas comme c'était prévu. Les forces de l'ordre finissent vite par intervenir, poussant la petite bande de criminels à prendre la fuite. Pour cela, ils montent de force dans un taxi et ordonnent au chauffeur de les conduire jusqu'à la frontière Française afin de quitter le pays.
Afin de rallier leur destination le plus vite possible. L'équipe prend la décision de passer par le petit village de Zugarramurdi. Un village qui, il y a de nombreuses années, fut plongé dans une terrible chasse aux sorcières. Les légendes racontent que ces horribles créatures seraient encore bien vivantes et que Zugarramurdi serait toujours leur lieu de réunion favori.

Il est très difficile de classer correctement le dernier Alex De La Iglesia dans une catégorie précise. Comme je l'ai déjà dit plus haut. Iglesia est un adepte du changement de ton, du coup, Les Sorcières De Zugarramurdi ne cesse, durant toute sa durée, de passer d'un genre à l'autre avec une aisance à faire pâlir d'envie un bipolaire. Alors que le début du film est plutôt tourné vers l'action, il se transforme petit à petit en histoire fantastique avant de finir par plonger dans l'horreur à tendance Grand-Guignol.
Mais il y a, malgré tout, un genre qui, lui, reste bel et bien présent tout le long du film. La comédie. L'humour complètement barré du réalisateur nous accompagne de bout en bout et nous permet, par la même occasion, de relâcher un peu la pression durant les quelques passages tendus que comptent le film.

Mais Iglesia a décidé de ne pas s'arrêter en si bon chemin. Car la guerre entre les Hommes et les Sorcières n'est pas la seule à se jouer devant nos yeux. Une autres bataille a lieu au milieu de tout cet humour décalé. Une véritable guerre des sexes.
Plutôt que de choisir la solution de facilité et de faire en sorte que les deux sexes ne cessent de perpétuellement se casser du sucre sur le dos, Iglesia décide d'aller plus loin. En effet, Les Sorcières De Zuggaramurdi est, dans sa structure, entièrement construit autour de ce sujet. Alors que la première partie du long métrage nous montre surtout le point de vue des hommes. La seconde, quant à elle, inverse cette tendance avant de terminer en apothéose où les deux points de vues sont mélangés lors d'un final joyeusement frénétique, que l'on pourrait également interpréter comme un gros crachat balancé à la tronche des féministes extrémistes de tout poil. Femen, Sally Miller Gearhart ou encore Sheila Jeffreys, j'en passe et des meilleures, c'est bien d'elles qu'il est question ici.

Les Sorcières De Zuggaramurdi est une véritable réussite. Réalisation impeccable, les couleurs et les effets de lumières sont d'ailleurs parfaitement choisis. Des acteurs qui maîtrisent ce qu'ils font. Rythme bien soutenu. Bande son de qualité et histoire suffisamment accrocheuse pour nous maintenir en place durant la séance. Seule véritable ombre au tableau à mes yeux, certains effets visuels qui sont loin d'être réussis, mais à aucun moment cela ne m'a sorti du plaisir que j'ai ressenti durant mon visionnage.
Alex De La Iglesia confirme une nouvelle fois le talent qu'il possède lorsqu'il se tient derrière une caméra. Il est un réalisateur à suivre et je vous invite, une nouvelle fois, à vous intéresser de plus près à tout ce qu'il a fait de 1992 à aujourd'hui.
UnPoilGeek
9
Écrit par

Créée

le 12 mai 2014

Critique lue 228 fois

UnPoilGeek

Écrit par

Critique lue 228 fois

D'autres avis sur Les Sorcières de Zugarramurdi

Les Sorcières de Zugarramurdi
-IgoR-
7

Sponge Bob

Bob L'éponge - triste Bob à l'irrévocable sort funeste - Jesus Christ, son fils, le soldat vert et quelques amis braquent une bijouterie. Que veux-tu, la crise règne en Espagne, il faut bien manger...

le 26 mai 2014

27 j'aime

14

Les Sorcières de Zugarramurdi
m_gael
3

De l'anarchisme au nihilisme...

Le cinéma espagnol, animé par un véritable instinct de survie, est l'un des plus passionnants d'Europe, et Alex de la Iglesia, sans doute son représentant le plus déglingué. Profondément marqué par...

le 7 janv. 2014

19 j'aime

10

Les Sorcières de Zugarramurdi
-Marc-
5

"Je suis ta mère"

Après un "hold up", trois gangster fuient avec leur butin et le fils de l'un d'entre eux vers la France, refuge merveilleux où la justice est administrée par Christiane Taubira. En chemin, ils...

le 14 déc. 2015

12 j'aime

3

Du même critique

Puppeteer
UnPoilGeek
9

Critique de Puppeteer par UnPoilGeek

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. L'histoire que je vais vous raconter se déroule en un lieu où peu d'humains ont déjà mis les pieds. Un endroit où l'on ne peut marcher, mais que l'on voit une...

le 13 mai 2014

6 j'aime

Yoshi's New Island
UnPoilGeek
5

Critique de Yoshi's New Island par UnPoilGeek

Une chose est sur, Nintendo semble avoir décidé que l'année 2014 serais celle du retour de ses licences phares du genre plates-formes. Après un Donkey Kong Contry surWii U signé Rétro Studio le mois...

le 12 mai 2014

3 j'aime

nemesis
UnPoilGeek
3

Critique de nemesis par UnPoilGeek

Certains auteurs, de par leur renommée, peuvent se permettre d'écrire ce qui leur passe par la tête sans aucune inquiétude de ne pas être publié. Mark Millar, grâce aux nombreux succès qu'il a...

le 11 mai 2014

3 j'aime

1