Les Sorciers de la guerre
6.2
Les Sorciers de la guerre

Long-métrage d'animation de Ralph Bakshi (1977)

Fallait pas être sorcier pour faire un bon film!

Ralph Bakshi dispose d'une certaine réputation suite à ses adaptations de Fritz le chat et du Seigneur des Anneaux. La vision de ces "Sorciers de la guerre" va juste retarder leur visionnage jusqu'à un avenir que je souhaite assez lointain.
En effet pour moi ce film est un ratage nanar, ce que je vais développer dans cette critique.

Premier écueil non évité : ce n'est pas parce qu'on fait un dessin animé pour adultes qu'il faut rajouter des scènettes pour enfants. Il faut assumer jusqu'au bout lorsqu'on réalise un film sur la guerre rempli de massacres et de tueries. Les scènes cocasses ou les gens tombent par terre sur des bruitages rigolos sont juste contre-productives. Celles des mutants imbéciles durent encore beaucoup trop longtemps et cassent le rythme.

Deuxième écueil non évité : Le mélange entre DA et vrais films (libres de droit : cool!) n'est vraiment pas harmonieux. Le succès d'un film comme Qui veut la peau de Roger Rabbitt vient de sa cohérence : le ciel ne change pas de nature (DA ou pellicule teintée) d'un plan à l'autre! Lors de certaines scènes le montage rend cela assez douloureux pour les yeux, mais le pire étant lorsque les personnages sont censés interagir avec les vrais objets sur pellicule.

Troisième écueil non évité : le classicisme du scénario. Bakshi n'a pas sombré dans les stéréotypes du film post apocalyptique (pas encore inventés dans les Mad Max et recopiés ad nauseam) mais dans ceux de l'Héroïc Fantasy la plus simpliste. Nous avons un magicien, 2 guerriers et une princesse qui doivent marcher jusqu'à atteindre le repaire du seigneur des ténèbres qui veut conquérir le monde. Plus cliché tu meurs!

Quatrième écueil non évité : le manichéisme. Ici Bakshi illustre parfaitement la loi de Godwin en faisant de ses méchants des vrais "néo-nazis". Au moins on peut se dire qu'il s'agit d'un anti "Rêve de fer".

Cinquième écueil non évité : le design des personnages. Alors que les décors sont réussis, les personnages sont assez ratés. Je regrette de ne pouvoir vous montrer de photo dans cette critique, mais pour un public profane je vais essayer de décrire l'horreur (au pire regardez sur Google images) :
- Avatar le sorcier héros est une caricature de magicien bouffon : une robe trop ample, une barbe rousse très longue, un chapeau qui lui recouvre les yeux, un nez rouge de clown. L'ennui avec ce bon vivant (amateur de whisky et de cigares) est qu'il est quand même censé incarner un héros tragique dans un film de guerre, confronté à son propre frère.
- L'elfe Weehawk n'a pas été gâté par ses dessinateurs. Avec sa tête de lutin maléfique, sa peau sombre et ses dents pointues, jusqu'au bout je me suis demandé s'il était bel et bien un gentil.
- Le robot "Peace" méchant reprogrammé n'est déjà guère exploité par ses scénaristes puisqu'il disparaît sans s'être mis en valeur. Mais surtout on dirait un sac de toile rouge informe et vide duquel n'émergent que des yeux globuleux. Tout cela ne fait pas très Terminator...
- Ma préférée, la princesse Elinore dont la garde-robe est commune à celle de Rihanna. Sa tenue consiste en un string et des bretelles blanches qui recouvrent à peine ses seins (on devine très bien les mamelles en-dessous)
Avec cette bande là (tiens pourquoi ils n'ont pas engagé quelqu'un d'autre?) la crédibilité de l'histoire en prend un sacré coup. Je tiens à rappeler qu'ils sont censés sauver le monde!

Sixième écueil non évité : le manque d'exploitation des idées. Par exemple la confrontation Avatar / Loup noir va être réduite au minimum syndical, la copine du méchant (essayant de le convaincre d'arrêter le massacre) apparaît en plein milieu du métrage et n'aura droit qu'une autre scène, le robot "Peace" aura peu d'occasions de montrer qu'il a changé de bord...

Septième écueil : dans ce film ou c'est bien animé ou c'est pas animé du tout. Le prologue du film est une série de dessins expliquant la genèse de l'histoire. Le spectateur peut se dire à ce stade que c'est pour marqué la différence avec le reste du film. En fait plusieurs autres scènes sont aussi des dessins non animés. La seule explication logique est qu'avec un budget de 1,2 Millions de dollars l'équipe du film a dû se résoudre à cet artifice grossier. Avec les utilisations de scènes de films anciens, cela donne un côté encore plus cheap et maladroit au film.

Enfin huitième écueil : ces scènes de dessins non animés sont décrites par une narratrice, qui n'hésite pas à prendre une grosse voix pour imiter les personnages. Grotesque assuré!

C'est assez dommage puisque certaines images sont bien faites (le dinosaure spectral, les visions de la cité des méchants "Scortch One") et la musique, sans atteindre celle de Kalidor, assez agréable.

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le 17 juin 2014

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Jibest

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