L'échappée vieille

Une vieille dame, l'esprit encore alerte mais le corps fatigué, vient d'être placée en maison de retraite par ses trois fils, sans qu'on lui demande vraiment son avis. Très vite, elle se fait la belle. Son petit-fils, étudiant futé en Littérature, qui a su depuis l'enfance nouer une relation très forte avec sa grand-mère, s'élance sur les traces de cette dernière et partage avec elle une ultime journée de folle complicité et de bonheur.

Un bien joli film sur le temps qui passe, les liens entre les générations, et la vieillesse, qui égrène ces souvenirs avec la délicatesse et la légèreté de ton habituelles à Foenkinos, co-scénariste et auteur du roman dont le film est une adaptation.
Des souvenirs donc... de ceux que nous possédons tous : la naissance d'un enfant, l'enterrement du grand-père, les bibelots et les tableaux, les déclarations d'amour et le mariage, les voyages qu'on n'a pas faits, le blues de la retraite, la vue qu'on a depuis la fenêtre de l'appartement où l'on vit depuis toujours... Le passé qui se mêle sans cesse au présent, dans un va-et-vient constant entre les photos jaunies de l'album de famille et les simples joies et désagréments du quotidien... De la cour de récré au cimetière, c'est le temps le véritable héros du film, le temps qui nous file entre les doigts...

C'est aussi une belle galerie de portraits, croqués avec une infinie bienveillance par Jean-Paul Rouve et interprétés avec une grande justesse de ton ( sauf peut-être Audrey Lamy, dont le choix pour incarner la directrice rigide et faux-cul de la maison de retraite me paraît peu convaincant, tant son jeu est caricatural et outré, pas vraiment dans la tonalité de ce film en demi-teintes ). Mention spéciale en revanche pour Annie Cordy et Mathieu Spinosi, tellement naturels, et surtout pour Michel Blanc, irrésistible de drôlerie dans ce personnage de retraité qui ne sait pas quoi faire de sa carcasse et emm.... tout le monde.

Pas un chef-d'oeuvre, non, car pas de qualités cinématographiques exceptionnelles.
Mais au final un moment de cinéma émouvant mais pas larmoyant, plein de pudeur et de tendresse, qui se laisse voir avec un réel plaisir.
Un moment comme on les aime, de ceux qui parlent à notre coeur.