(oui, apparemment on doit impérativement faire un jeu de mot nul avec cette réplique en titre. Et au moins celle là je suis sûr que personne nel'a faite)
Bon. Les 3 Frères c'est pas ouf. Mais comme tout le monde, je l'aime bien quand même.
Outre le fait que ce soit culte, et assez marrant par moment, c'est surtout une œuvre ancrée dans son époque.
Les années 90 en France, avec des films qui semblaient déjà vieux à leur sortie. De gros soucis de rythme, de narration et même d'identité le plus souvent.
Les 3 Frères n'échappent pas à ce constat, mise à part les soucis d'identité car il EST les années 90.
Le scénario est un prétexte pour des situations ubuesques et une accumulation de sketchs jamais bien reliés entre eux. Une logique implacable quand on sait d'où viennent les 3 gaillards à la base.
On peut d'ailleurs se demander si le cinéma était vraiment une bonne solution pour eux..
Parce qu'à mes yeux, le seul film qui possède réellement une trame et qui est réellement construit comme un film c'est Le Pari.
Parce que oui, tous les autres, dont Les 3 Frères en tête s'avèrent être vite lourds, vite chiants. Une fois qu'on arrive à la moitié, on en a marre. On se gave de sketchs, on rigole gentillement. Ensuite on subit des péripéties pas ouf. Des clichés pathos avec le petit gamin (qui joue pas trop mal d'ailleurs, c'est assez rare chez un enfant acteur pour le souligner). Et on recommence le cycle.
Une construction et une narration totalement foirées. Des blagues de moins en moins inspirées aussi. Toutes les situations finissent par se ressembler, avec des personnages fonction, des situations étirées, des punchlines qu'on nous a tellement rabâchées au collège qu'on arrive plus à les apprécier...
C'est une forme de douce douleur nostalgique, et ça fait peur.
Le film n'est pas sans intérêt non plus. Outre l'humour souvent efficace (même si de moins en moins au fil du film on a dit) le film se targue de quelques qualités. Un principe de cavale assez dépaysant et inspirant, assez sympathique aux vues de l'assourdissant début à Paris.
Un ancrage bien profond dans les 90's, avec ses références à la musique, aux punks (passage nul à chier par contre), sa fameuse Nintendo etc etc...
Le moment que j'ai préféré d'ailleurs est le moment où le gamin, pas dans son assiette sort un "j'ai pas faim" avec le plan fixe qui s'éternise un peu.
Oui oui, mon moment préféré dure 3sec.
Je l'aime bien parce que c'est le seul moment où j'ai eu l'impression que ce film était du cinéma en fait.
Une idée, un lien avec le reste (car oui, le petit ne fait que répéter h24 qu'il a faim tout au long du film) et une empathie qui se crée. C'est tout bête, et je me trouve con d'aimer ça.
Mais je me dis qu'ils peuvent avoir les idées pour faire un vrai bon truc, ils comprennent les codes du cinéma, de l'émotion. Dommage que finalement Les 3 Frères soit assez insipide en réalité.
Très creux, jamais bien malin mais efficace dans son humour (bien qu'assez forcé et carrément indigeste à la longue). Jamais conscient d'être un film, portant ses 1h40 comme un insoutenable fardeau.
Bonus pour ceux qui ont tout lu :
Je vous invite à revoir une scène bien précise. Celle du bain.
Vous voyez laquelle ? Celle où en lavant le gosse, Didier Bourdon voit sa tâche de naissance sur ses fesses et réalise qu'il est son fils.
Alors les 3 frères restent bouche bée devant ce spectacle.
Je vous invite donc à repasser cette scène, en oubliant la tâche de naissance. Vous verrez alors 3 bonhommes proches de la 40aine extatiques devant un petit cul d'enfant.
Vous les verrez ensuite courir dans toute la maison en poussant de graves "olala" tout en jetant un regard sur l'objet de convoitise.
C'est particulièrement glauque et gênant, mais croyez moi c'est un détournement très très très drôle.