Adapté d'une nouvelle d'Ernest Hemingway, "the Killers" (que j'ai lue juste après avoir vu le film dans les années 80) tirée du recueil "50 000 dollars", les Tueurs figure parmi les grands classiques du film noir de l'immédiate après-guerre, c'est même une quintessence du film noir, il est surtout célèbre pour Burt Lancaster qui y fait ses premiers pas d'acteur après avoir passé un screen-test, alors qu'il venait tout juste d'arriver à Hollywood en 1946. C'est aussi le film qui lance véritablement la carrière d'Ava Gardner, alors qu'elle n'avait rien tourné de consistant avant ; elle y incarne un archétype de femme fatale, où elle est terriblement sexy, moulée dans une robe de satin noir qui affine une silhouette très glamour.
Mais c'est aussi un prototype de film noir car il en a toutes les caractéristiques : histoire embrouillée, étude de caractères ambigus, façon insidieuse de révéler les facettes des personnages, intrigue inexorablement nouée dès le début, progression narrative en flashback, tension sexuelle latente, atmosphère criminelle propre aux grands polars hollywoodiens... le film expose bien le thème de l'homme seul broyé par le destin et la fatalité, et l'enquête de l'inspecteur Reardon (incarné par Edmond O'Brien) qui tente de reconstituer ce puzzle déroutant navigue dans un climat de corruption.
Siodmak type en quelques scènes les protagonistes qui forment une galerie d'êtres déchus, en introduisant l'expressionnisme allemand dans le film noir américain, mais l'ensemble est quand même dominé par l'atmosphère crépusculaire qui est celle des romans noirs, avec leurs héros, leurs vamps, leurs flics et leurs tueurs à gages. Les 2 tueurs du début (incarnés par Charles McGraw et William Conrad) et qui donnent son titre au film sont d'ailleurs fugaces, ils apparaissent peu mais ils font forte impression et symbolisent parfaitement ce type de personnage. En tant qu'adaptation de la nouvelle d'Hemingway, le film est fidèle au style dur et violent de l'auteur.
A noter que Don Siegel réalisera un remake en 1964, intitulé A bout portant, avec Lee Marvin, Angie Dickinson et Ronald Reagan, l'intrigue y était modernisée, plus violente et avec une réinterprétation des personnages, tout en conservant les éléments principaux de l'intrigue.

Créée

le 7 déc. 2019

Critique lue 442 fois

26 j'aime

25 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 442 fois

26
25

D'autres avis sur Les Tueurs

Les Tueurs
Sergent_Pepper
8

Fight hawks

The killers suinte la classe absolue dès ses premières secondes : c’est un carrefour nocturne qu’on croirait sorti d’une toile de Hopper, un diner dans lequel surgissent deux larrons qui vont, avec...

le 23 avr. 2015

44 j'aime

3

Les Tueurs
Ugly
7

Puzzle noir

Adapté d'une nouvelle d'Ernest Hemingway, "the Killers" (que j'ai lue juste après avoir vu le film dans les années 80) tirée du recueil "50 000 dollars", les Tueurs figure parmi les grands classiques...

Par

le 7 déc. 2019

26 j'aime

25

Les Tueurs
SanFelice
9

Swede never had a chance

De l'expression « film noir », Les Tueurs de Siodmak retient, dès les premières minutes, le côté noir. La séquence d'ouverture est incroyable, dégageant une impression de violence à peine...

le 3 mai 2018

23 j'aime

2

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

122 j'aime

96

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

95 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

95 j'aime

45