Bon. Peut-être va-t-on me lapider, ou, pour rester dans le thème du film, me jeter du sable dans les yeux, me forcer à boire un litre d'eau salée ou baisser mon maillot de bain la prochaine fois que je mettrai les pieds sur une plage, mais je pense être totalement hermétique au style du grand Jacques Tati. Oui, il y a dans "Les Vacances de Monsieur Hulot" quelques plans qui valent le détour, quelques situations comiques qui arrivent à vous arracher un sourire (la fameuse scène du feu d'artifices). Mais c'est à peu près tout, non ? On est quand même très loin de la grosse déconne, et dans une forme de "poésie" dont beaucoup apprécieront le charme suranné mais où je ne perçois qu'un ennui très inconfortable et embarrassant.

Il faut dire que du début à la fin, le cul de ce film se situe entre deux chaises, hésitant sans cesse, et au plus grand désarroi (pour ne pas dire agacement) du spectateur, entre le muet et le parlé, le bruit ou le silence. Oui, le coup du haut-parleur sur le quai de la gare qui baragouine plus qu'il n'informe les voyageurs, c'est assez drôle, mais c'est hélas annonciateur du brouhaha ambiant dans lequel nous allons être plongés pendant 1h30 (et à ce tarif-là, c'est pénible, usant). Monsieur Hulot, que je n'ai pas trouvé très chouette, barbote au milieu des bruitages et des bribes de dialogues qui nous parviennent comme de très loin, au milieu du personnel de l'hôtel, au milieu des autres vacanciers. Il vit une amourette insignifiante. Il l'est lui-même, on le remarque à peine même quand la caméra est braquée sur lui. Et pour couronner le tout, il y a cette musique d'ascenseur qui revient parfois, horripilante au possible, qui achève de vous donner l'impression que vous n'êtes pas au cinéma, pas devant un écran, mais plutôt devant une fenêtre. Vous regardez dehors, et ce que vous verriez ou entendriez en quinze secondes, avant de passer à autre chose, machinalement, Tati a eu la mauvaise idée de le faire durer très longtemps.

Non, je n'ai vraiment pas aimé "Les Vacances de Monsieur Hulot" à cause de ses effets soporifiques, mais je crois que le plus détestable dans tout ça, c'est que sous ses airs franchouillards et naïfs, il transpire, comme sous le cagnard du mois d'août, de la prétention incroyable du style péteux de son réalisateur. De quoi gâcher sa belle image de carte postale.
Psychedeclic
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le 15 mai 2014

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