Sans commune mesure avec les pitreries de la production comique francaise de l’époque, Tati impose, après « jours de fête », un ton original aux trouvailles poétiques qui n’ont pour équivalent qu’un Pierre Etaix dans l’histoire du cinéma francais.Dédaignant les grosse ficelles du vaudeville et les mots d’auteur faciles à la Michel Audiard, il s’oriente vers un burlesque en demi-teinte, fonde ses gags sur une observation minutieuse des travers de la petite bourgeoise ; s’inscrit dans une tradition qui part de Jules Renard pour aboutir a Sempé, sans oublier de rendre à Buster Keaton l’inspiration d’un auteur qui juge tout dialogue comme discours pour le moins superfétatoire, voire comme tout bonnement grotesque.Le paradoxe est qu’un énorme travail de mise en scène est mis au service d’un scénarios délibérément inconsistant, avec comme points d’orgues la marche hésitante d’une enfant tenant deux cornets de glace, une tête ahurie émergeant d’un vasistas, le rire sous cape d’une vieille dame ou le chuintement d’une chambre à air..C’est que Hulot n’est pas drôle en soi, il sert de révélateur au ridicule des autres. Mettant une abnégation distraite à appliquer une joyeuse pagaille dans l’ordre âpreté et souvent un brin cocasse de ses contemporains, humanité grouillante faite de vas-et-vient dérisoires,accrochée à des rites auto-instituées à la bouffonerie bien ordonnée en réalité souvent encore plus drole que celle du monsieur Loyal qui leur sert de révélateur.