J’entends le propriétaire de mon cinéma d’enfance annoncer le film de la semaine suivante : « LES VIKINGS ! » et le cri de trois cents gamins en liesse qui s’en suivait. Le film semble avoir été réalisé expressément pour cette clientèle du samedi après-midi à une époque où le mot ordinateur faisait encore partie de la science-fiction. Les personnages méchants sont caricaturés pour être conspués, les scènes de baisers tournées pour être sifflées, etc. Et cela fonctionne à souhait. Kirk Douglas est à son apogée à la fin des années 50, il s’amuse d’un plateau à l’autre et cela transpire plus que ja-mais dans la peau d’un Viking balafré. Il en va de même pour Ernest Borgnine qui joue le sadisme la pédale au fond. Heureusement, Tony Curtis, qui est également sur une lancée prolifique comme acteur, incarne le héros avec plus de retenue. Sa conjointe Janet Leigh est toujours aussi juste et ravissante. Une des grandes réussites du film réside dans les décors notamment ceux où ont été tournées les séquences navales impliquant des reproductions de drakkars. La photographie de Jack Cardiff, qui travaille aussi comme réalisateur en 1958, ajoute beaucoup de crédibilité à la production. En plus des paysages majestueux du fjord de Lim en Croatie et du château de Fort-la-Latte en France, la lumière dans les scènes d’intérieur est impeccable. Si on sait conserver sa naïveté d’enfant comme cinéphile, on se laissera avoir comme il se doit par la terreur des Vikings et les amours princiers… et on sera impatient d’entendre l’annonce du prochain film au programme.