Godefroy de Montmirail et son fidèle écuyer Jacquouille tentent de revenir à leur époque alors qu’ils sont coincés en 1793 lorsque sévit la Terreur sous la poigne de Robespierre.


Le duo Christian Clavier – Jean Reno est devenu instantanément culte en 1993 lorsque Les Visiteurs sont apparus pour la première fois à l’écran pour contrecarrer les comédies américaines. Sans être franchement subtil, le voyage dans le temps de Jacquouille et Godefroy a attiré 13 millions de spectateurs ravis des bons mots et des mœurs rustres des deux compères. En 1998, le concept fonctionne encore avant de sombrer dans les couloirs du temps par le biais d’un remake américain très embarrassant sorti en 2001. 18 ans après Les Visiteurs 2, il faut regarder dans le rétroviseur pour comprendre que les retours dans le cinéma comique français ne sont clairement pas de bonnes idées : Les Bronzés 3 et la suite des Trois Frères étant les preuves irréfutables qu’il ne suffit pas de ressortir la recette pour réussir la cuisson. Cela n’empêchera pas le succès commercial de Les Visiteurs – La Révolution, ne serait-ce que par la curiosité de retrouver la verve potache des premiers films… mais il est quasiment certain qu’on ne le regardera pas une deuxième fois !


Après un bref rappel des faits façon générique de Star Wars et quelques scènes d’exposition au rythme aussi épileptique que bâclé, Jacquouille et Godefroy sont là, attendant d’être jugé devant une parodie de Tribunal Révolutionnaire. Mieux vaut profiter de ces quelques moments car ce sont sans doute les plus drôles du film : ils confrontent les deux personnages à des accusations farfelues sur la base d’objets récupérés à notre époque. Le spectateur avisé ne se laissera cependant pas duper par le placement de produit aussi violent que malavisé qui consiste à coller un gros autocollant « Cash Converter » sur un briquet XL. Oui, un des gros problèmes du film est d’être particulièrement maladroit.


Maladroit dans son scénario pour commencer car on se contente d’assister à la tentative de nos héros de retourner chez eux une énième fois. Étonnamment, le début de leur pérégrinations laisse supposer qu’ils vont par la même tenter de rétablir le Dauphin sur le trône après la mort de Louis XVI mais que nenni, l’Histoire ne rattrapera pas l’histoire. La Révolution Française a tout pour développer un background riche avec ses personnages aussi mémorables que les dates clés qui ont fait la République. Presque rien de tout cela n’est utilisé pour servir le scénario, on se contrefout de ce qui se passe ou de ce qui se passera. Le film accumule au contraire les clichés qui le rendent encore plus potache (vulgaire ?) que jamais : les nobles royalistes sont aussi idiots que nantis et Robespierre fait des pets aux toilettes après avoir mangé du boudin antillais.


Maladroit également dans sa mise en scène qui ne montre du Paris révolutionnaire qu’une petite rue proprette et un immeuble qui regroupe la majorité des éventements du film. En effet, les seuls voyages que l’on fait sont entre les étages, comme un banal vaudeville. Sévère branlette aussi sur les nombreuses scènes censées avoir lieu de nuit mais dont on discerne bien que seul un filtre devant la caméra tente vainement de faire illusion. On se demande où sont passés les 60 millions d’euros de budget tant on ne retrouve rien dans la reconstitution historique qui puisse l’expliquer. Il faut sans doute regarder du côté du casting qui regroupe les têtes d’affiches des comédies françaises du moment de Frank Dubosc à Alex Lutz en passant par Ary Abittan.


Cet empilement de noms ne suffit clairement pas à relever le niveau tant les personnages sont plus inintéressants les uns que les autres. Christian Clavier rempli l’écran à lui tout seul, éclipsant par la même un Jean Reno apathique dont la simple réplique « certes » coupe toute tentative de dialogues censés. A l’inverse, les autres acteurs surjouent et cassent les oreilles à gueuler leur texte, aidés par un montage qui ne laisse aucunement place au moindre silence. Autant dire que pour certains, les 2h risquent d’être une purge. Enfin, les gags ne sont que des redite des précédents : la salle de bain, le repas, le « hourra » qui remplace « okay », « on lui pèlera le jonc »… quand ils ne tombent pas complétement à plat comme la recherche d’une bouteille de lait dans le Paris nocturne (si quelqu’un peut m’expliquer le but de ce sketch bien trop long). Le sens de l’humour y est aussi imperceptible que les moult saillies sur l’odeur pestilentielles de Godefroy et Jacquouille.


Les Visiteurs – La Révolution est-il un mauvais film ? OUI. Est-il nul à chier ? NON. Monté à la machette et écrit avec les pieds, ce troisième opus semble avoir tout fait pour rater le retour du duo culte Reno/Clavier. A moins de n’avoir jamais vu les précédents, il n’est pas certain d’esquisser un (sou)rire car entendre des acteurs surexcités qui crient leurs répliques rend le visionnage plus éprouvant qu’autre chose pour le commun des mortels. La Révolution n’a de sens que pour les costumes là où toute tentative de mise en scène ou de narration échoue mollement sous le signe gênant du bâclage intégral. Qu’est-ce que c’est que ce bins ?

ZéroZéroCed
2
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le 18 avr. 2016

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ZéroZéroCed

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