Après le demi-succès de Au Service Secret de Sa Majesté, la production fait un pont d'or à Sean Connery pour qu'il endosse une dernière fois le rôle de 007. Et décide aussi de repartir sur les bases de Goldfinger en rappelant son réalisateur. Et c'est là ou la franchise va commencer sa traversée du désert artistique. Mais comme les chiffres seront au rendez-vous, la saga ne s'arrêtera heureusement pas.
Pour commencer par du positif, Sean Connery semble de nouveau s'amuser et prend le rôle plus à bras le corps que dans On Ne Vit que Deux Fois, ce qui n'est pas un exploit en soi. En parlant de corps, le sien n'est plus ce qu'il était et sa petite bedaine poilue prouve qu'il a réussi dans sa carrière d'acteur. Sans rancune M. Connery, j'espère, car c'est par vous qu'a commencé toute cette bondmania et pour cela je vous tire mon chapeau et même ma perruque. Comme vous, mes cheveux m'abandonnent …
Le scénario est assez inepte mais pour le coup le roman de Fleming était bien trop extravagant pour pouvoir l'adapter en l'état. Ceci dit le duo Mankiewicz et Hamilton prouvera plus tard qu'il est en partie responsable de la production des pires épisodes de la série, c'est à dire celui-ci et les deux suivants. D'ailleurs même si Mankiewicz fait partie de la même famille que Joseph Mankiewicz, il n'avait écrit avant ce film que quelques textes dont la pièce Georgy Girls qui avait tenu trois jours à Broadway. Tout un programme.
Le pire pour les fans est le fait que Blofeld, qui a tué l'épouse de Bond dans le précédent film, n'en fait aucune mention. Et Bond non plus ! Sans compter le travestissement de Blofeld lui même … Mais c'est peut être à relier à la remarque suivante.
Là ou le film est étonnant pour notre époque, c'est qu'il propose un couple homosexuel de méchants, M. Wint et M. Kidd, très bien interprétés par deux musiciens. Ce qui en soit suit les idées de Fleming, surtout spirituellement parlant. En effet comme Bond doit retrouver la féminité, se mettent alors en travers les énergies contraires, c'est à dire asexuées ou homoséxuées. Cet énoncé est une simplification des symboliques ésotériques qui émaillent les livres de Fleming mais dans l'ensemble c'est l'idée. Le film, lui, prend le partie d'en rire. Et il est vrai que ces deux personnages ont d'excellentes répliques. L'une d'elle est même un clin d'œil à Bons Baisers de Russie. Il s'agit de celle qui confond les méchants en testant leur méconnaissance du vin et de la gastronomie. Donc on retrouve le S.P.E.C.T.R.E. pour la dernière fois, jusqu'au film du même nom, qui a été assimilé aux bandits fantasques du roman.
On retrouve aussi, et heureusement, la musique de Jonh Barry, délicieuse depuis Goldfinger au moins, qui contribue grandement à l'ambiance du film. Et surtout la chanson titre, chantée par la légendaire Shirley Bassey, est probablement une des meilleures de la saga, tant sur le plan des paroles que des arrangements.
Cette belle partition ne vient pas sauver un film incohérent, jusqu'en dans dans son montage où, par exemple, parce que les plans n'étaient pas raccord lors de la poursuite en voiture à Vegas, il a fallu rajouter un plan improbable ou la voiture glissant sur deux roues, penche de l'autre côté ! Le tout dans une ruelle assez large pour une moto uniquement.
L'humour omniprésent et quasi-potache ne fait que sourire au second degré et préfigure l'ère Roger Moore à qui on a reproché son hu-Moore, justement. Les racines de ceci sont dans ce film et on oublie trop souvent que c'est Sean Connery lui même qui a débuté une interprétation trop légère du rôle après avoir fait l'inverse sous l'égide de Terence Young, prouvant que la direction que prend la série est avant tout insufflée par la production, le scénariste et le réalisateur. Dans l'ordre. Il y a d'ailleurs un moment du film qui laisse un doute sur sa portée tant il y a d'humour dans le film : le clin d'œil au fait que les américains n'auraient peut être jamais marché sur la Lune. En effet nous voyons James Bond rentrer dans un complexe technologique pour se retrouver sur un plateau de télévision semble t-il, où de faux astronautes marchent sur un sol rocailleux, avant qu'il ne vole une jeep ...lunaire ! D'autant plus troublant que le film ne date que de deux ans après l'alunissage, que Kubrick, soupçonné d'avoir réalisé le film pour le gouvernement américain, était en relation avec la production de James bond notamment grâce à Ken Adam qu'il avait embauché comme décorateur sur Dr. Folamaour et qu'il avait ensuite conseillé pour éclairer l'intérieur du bateau dans l'Espion Qui m'Aimait … Gag ou réalité ? 
Malgré ses nombreux défauts, il reste le charme de Bond quand il fait ses plaisanteries. Parfois le film sourit même du style vieillot des anglais. Dans le même registre, on se moque carrément, même si gentiment, des américains. Une habitude de plusieurs films de la série.
Dernier détail négatif, le final qui se déroule sur une plateforme pétrolière est véritablement poussif. Surtout que l'endroit est tout à fait commun et semble être déplacé pour un film de 007.
Pas un "claret" donc, comme le dit lui même James Bond à la fin du film, même si nous avons quand même la plaisir de retrouver un Sean Connery qui incarne avec une nouvelle grâce le personnage. Il faudra attendre le millésime 1977 pour retrouver une véritable qualité dans le cépage bondien.

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le 8 nov. 2015

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Fiuza

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