Auch Zwerge haben klein angefangen n’est pas seulement le titre le plus bath de l’histoire du cinéma sans contestation possible et un très vieux fantasme personnel de cinéphile enfin assouvi, non, c’est surtout et avant tout une sorte de gageure, comme l’adaptation au cinéma et sans la couleur d’une de ces merveilleuses couvertures qui faisaient naguère la joie des heureux lecteurs du supplément illustré du Petit Journal...

Comme son illustre ancêtre, le film offre un plaisir particulièrement douteux qui se démultiplie en bonne compagnie mais reste terriblement vain après trois secondes de réflexion solitaire. Pour tout vous dire, c’était probablement la projection la plus hilarante depuis La Habanera qui avait failli mettre fin à mes jours et pourtant je pense que je n’aurais même pas été capable d’en supporter la moitié si j’avais été seul devant.

C’est l’histoire, si j’ose dire, d’une bande de délinquants juvéniles qui fomente une révolte dans un centre pour protester contre la mise à l’écart de leur leader charismatique par un directeur trop prudent. Cette journée anarchique se passe dans une journée absurde dans des Canaries improbables est entièrement interprétée par des nains.

Il y a des nains de toutes tailles, du minuscule et immense Helmut Döring à un nain obèse Breton voire un nain-géant particulièrement saugrenu. Un oeil avisé reconnaitre très vite ici ou là une sosie de Michael Jackson et une autre de Liz Taylor vieille (non, non, ce ne sont pas les mêmes…) mais je crois que ça n’a guère d’importance. Il y a une paire impressionnante de nains aveugles aussi, même que jouer avec eux à “un, deux, trois, soleil“ n’est pas particulièrement élégant ni sportif alors qu’un bon vieux colin-maillard semblait particulièrement mieux adapté…

Le n’importe quoi décomplexé du film est finalement beaucoup plus sympathique que sa thématique un peu lourde, c’est un vrai petit festival pour amateurs que je préfère soigneusement éviter de dévoiler, je vous avoue tout de même que j’ai un peu passé l’âge, le charme ne prend plus tout à fait même si une fascination perverse subsiste encore de temps à autres.

Et puis il y a le rire d’Helmut, inimitable, glaçant, merveilleux… un de ces terribles rires d’enfants sur lequel se poserait le timbre cassé d‘un vieillard, rien que pour lui j’ai presque envie de le recommander aux amateurs les plus tordus d’entre-vous mais faudra pas venir vous plaindre après…
Torpenn
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le 7 mai 2014

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Torpenn

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