Lettre à Momo
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Lettre à Momo

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura (2010)

Si l'on connaît Hiroyuki Okiura aujourd'hui, c'est pour son conte froid, cauchemardesque et remue-méninges Jin-Roh, la Brigade des Loups. Ce n'est que près de quinze ans plus tard, qu'on retrouve notre roi de l'animation pour un projet personnel auquel il aura consacré un travail fou, de presque sept ans. Un scénario qu'il aura lui-même écrit, sur le drame d'une adolescente ayant fraîchement perdu son paternel. Une véritable lettre qu'il adresse à son spectateur.

Momo est une jeune fille timide à l'imagination débordante, qui tente de faire le deuil avec sa mère, de son père défunt en mer, en déménageant sur l'île de Shio, dans la ville natale de maman. Elle, elle ne laissa qu'insulte et mépris à son papa. Lui, qu'une simple lettre inachevée pour sa fille.

Bien loin des trames déjantées si caractéristiques des nippons, ici nous sommes au plus près d'une môme, Momo, qui se renferme, préoccupée par cette horrible lettre.

Et si lorsqu'elle arrive sur cette île, trois gouttes tombent sur sa frêle personne, ce n'est pas anecdotique, à l'instar d'un titre de critique signé Gothic. Si tout le monde va au ciel, il est étonnant qu'il fasse si beau. Il fait beau mais quelques larmes glissent vers notre protagoniste.

Notre Momo va affronter la vie, mais pas de n'importe quelle manière. À l'instar de Mon Voisin Totoro, elle va essayer de passer cette terrible épreuve avec son imagination, avec de la fantaisie, du fantastique. De ces trois gouttes vont naître trois affreux 'yokai', des esprits punis, des âmes laides et voleuses. Momo se confine dans son univers fictif, avec ces êtres dont elle se méfiera puis appréciera. C'est la bonne humeur dont elle a besoin, celui dont nous aussi, on a besoin.

Si notre cinéaste excelle dans un domaine particulier, c'est bien celui de l'animation. Ayant participé à Paprika ou Ghost in the Shell 2, on ne peut que s'attendre à être émerveillé par son animation presque entièrement faite main. Rarement les expressions faciales d'un personnage n'auront été si réussies, Okiura capte parfaitement les angoisses, les joies, et les surprises de l'enfance à travers son héroïne, et sera aidé comme il se doit par une belle musique de Mina Kubota.

Mais ce titanesque travail ne se ressent pas seulement à travers l'animation des personnages, mais également sur les décors et la réalisation. Des images étonnantes où se mêlent gros plans, plongés, contre-plongés qui nous rappellent que le dessin-animé est véritablement un art, et qu'Okiura est un grand artiste.

Cependant, on pourrait autant apprécier que regretter, le fait que le réalisateur prenne son temps pour capter la détresse de notre triste demoiselle, la compagnie de ses affreux et tendres yokaï semble un peu longue pour ces deux heures mémorables. Leur recherche de vivres peut même être ennuyeuse, mais on se souviendra de cette scène avec le vol à l'arracher des marcassins, où on aura une scène impressionnante de course-poursuite où animation merveilleuse, avec notamment ce malencontreux et magnifique 'envol', se mêle avec action ridicule et ce pet digne d'une fin de repas de réveillon.

Le papa de Jin-Roh, nous offre un cadre fantastique qui émerveillera tous les mordus de l'animation japonaise, tellement qu'elle est aboutie, mais on regrettera quelques moments mollassons avec notre trio rigolo mais un peu lourd, qui apportera du sourire à une fille malheureuse. Quelques longueurs pardonnées par une réalisation parfaite. Puis comment ne pas être émerveillé par cette fin somptueuse, derrière ces gouttes se cachent une douce mélancolie qui cache elle-même une ode à la joie.

Bisous Momo <3

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le 25 déc. 2014

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Alex La Biche

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