Libre et Assoupi par Vikler
Notre appréhension des films dépendent bien évidemment du contexte, de la journée qu’on/va passer, de ceux qu’on a vu précédemment, de l’humeur dans laquelle on se trouve, celle dans laquelle on a envie d’être.
Mercredi soir j’étais dans un teen / binge watching mood. Après avoir passé un bon moment devant The To do list de Maggie Carrey avec Aubrey Plaza, j’ai poursuivi en lançant Libre et assoupi.
J’aime bien Baptiste Lecaplain, et cette petite comédie française me paraissait toute indiquée pour finir la soirée en matant un film dans mon lit.
Je dois dire que je ne m’attendais pas à avoir envie d’écrire une critique après, mais force est de constater que, au-delà du bon moment que j’ai passé, le personnage de Sébastien m’a touché plus que de raison.
(Je préfère prévenir : je vais un peu raconter ma vie)
Sébastien donc, 29 ans, qui se pensait jusqu’à présent étudiant à vie, fini par se faire mettre à la porte de la maison parentale avec pour injonction de se trouver un boulot.
Coup de bol, une ancienne camarade de promo l’invite dans sa coloc chouette et pas chère à Paris.
Le problème c’est que Sébastien n’a absolument aucune envie de faire quelque chose de sa vie. Ça tombe bien, il a largement 25 ans, donc il peut aller s’inscrire pour toucher le RSA et avoir ainsi de quoi payer son loyer et sa maigre pitance.
Dans sa veine, il est reçu par un assistant social qui décide de devenir son mécène (Denis Podalydès mon amour) afin de lui permettre de mener à bien son projet de vie.
Forcément, dis comme ça, on imagine un putain de parasite de la société. Mais au travers des (bons) dialogues de Benjamin Guedj et du jeu de Baptiste Lecaplain, Sébastien prend la forme d’un gentil ravi de la crèche, juste attaché à l’ennui, la lecture, le cinéma et son lit.
Je ne vais pas vous mentir, je me suis largement retrouvée dans ce personnage (même si je suis loin de pouvoir me vanter d’un parcours universitaire aussi riche que le sien).
D’une, parce que la perspective de lire des bouquins et mater des films dans mon lit s’approche un peu de ma vie rêvée, et de deux, parce que je l’ai plus ou moins vécu l’année dernière sans le gérer d’une aussi belle manière que la sienne.
Sébastien est d’une candeur, d’une simplicité, qui peut agacer.
Je lisais la critique de Djaevel à ce propos et je ne suis pas d’accord sur sa conclusion. Le fait qu’il ne soit pas un anarco-rebelle-désagréable ne fait que renforcer le propos. Oui il y a des gens qui ont l’apparence de gendres idéaux mais qui veulent vivre différemment, et ce n’est pas pour autant des gros cons égoïstes sans scrupules.
Parallèlement, ceux qui ne dévient pas du chemin, n’expérimentent pas forcément la vie rêvée des anges.
L’autre jour j’ai regardé This awkward moment (très mauvais film d’ailleurs, ne perdez pas votre temps, même si vous êtes fan de Zac Efron comme certains, ou de Michael B. Jordan comme moi) et un des personnages pétait un cable « I did what I was suppose to do! I’d checked the boxes!!“. Ben ouais mec, t’es sage, t’avais tout bien fait, études, médecine, mariage, mais ta meuf se tape son psy et demande le divorce.
L’année dernière j’ai connu une période de chômage, choisie, et je suis bien placée pour comprendre cette envie de tenter un écart parallèle à la ligne droite, de la voie bien tracée que tu as suivi par facilité, parce que la vie c’est comme ça. Et aussi de la pression sociale qui s’en suit quand tu fais un pas de côté.
Même quand, comme moi, tu as la prétention de croire que tu t’es détachée de ça, elle te rattrape. Parce que la pression sociale, c’est comme Sega, c’est plus fort que toi.
Bref, tout ça pour dire que ce Sébastien, qui vit son choix absolument sereinement, sans fausse pudeur, au nez du monde, il m’a plu et je l’ai un peu admiré…
(Bon, malheureusement, il faut bien dire que la fin convenue gâche tout le propos du film…)