Engagés à bord de la Station Spatiale Internationale, six astronautes font une découverte majeure pour le destin de l’humanité : ils ont extrait et ranimé une forme de vie extraterrestre de la planète Mars… Leurs expériences vont leur révéler toute l’intelligence de cette créature mais aussi toute sa dangerosité meurtrière.


Il y a de cela trois ans, Interstellar avait fait montre d’une grande maîtrise technologique et esthétique ayant résolument marqué les films de genre. Sa représentation de l’espace mais aussi des différents équipements permettant à l’homme d’explorer cet environnement hostile ont marqué les esprits et ont certainement du inspirer Seamus Mcgarvey, directeur de la photographie sur Life – Origine inconnue. Dès la première séquence, le travail de l’artiste se montre remarquable, à l’image de la Station Spatiale immortalisée au dessus de la Terre, baignée dans une lumière d’un rouge flamboyant. Chaque plan de l’espace démontre une esthétique remarquable, même si la majorité de l’œuvre se déroule dans un huis-clos haletant. À l’intérieur du vaisseau, six astronautes se félicitent de leur incroyable découverte et débutent leur expérimentation. L’objet de leur recherche n’est autre que Calvin, entité extraterrestre trouvée sur Mars et sortie de son hibernation. La créature fait l’objet d’une attention toute particulière de la part de Hugh, scientifique britannique en charge de la stimuler et d’en tirer des informations capables d’améliorer les conditions de vie de l’humanité. La relation tissée entre l’homme et l’extraterrestre ne tarde pas à tourner au désastre lorsque Calvin s’attaque à son « maître » et finit par mettre sa vie en péril. Alors que l’astronaute Rory (Ryan Reynolds) tente de sauver la vie de son compagnon et d’exterminer la créature, cette dernière se révélera bien plus rusée et dangereuse que prévu. Cette première confrontation représente le nœud principal du récit, duquel découlera une lutte sans merci entre la créature et les habitants du vaisseau.


Life – Origine Inconnue se révèle être un survival efficace, basé sur la confrontation entre une créature inconnue et des protagonistes garants du sort de l’humanité. Auparavant intrigante voire attachante, Calvin se transforme en une entité effrayante et carnassière, bien décidée à se protéger contre toute attaque extérieure. Comme le soulève Hugh, Calvin ne fait que répondre aux attaques répétées de l’équipage qui tente à de nombreuses reprises de lui ôter la vie. Une approche qui passe de la rationalité, basée sur une expérience scientifique et réglementée, à la violence et la sauvagerie, basée sur une quête mêlant survie et revanche. Un véritable cercle vicieux se met rapidement en place, basé sur un système d’action-réaction entraînant l’alien et les astronautes dans une surenchère de violence. Une réaction bien commune face à l’Inconnu, supprimant toute possibilité de dialogue et de pacification entre les deux partis, qui n’est pas sans rappeler la situation actuelle rappelée par l’astronaute David Jordan (Jake Gyllenhaal) concernant le conflit syrien. Un comportement qui a conduit à cette confrontation interminable entre Calvin et l’équipage, prisonnier sans issue de son vaisseau spatial. Ce dernier est l’espace idéal pour ce huis-clos anxiogène, lieu labyrinthique dont les nombreuses barrières de sécurité n’empêchent pas les failles, exploitées par une créature de plus en plus redoutable sur le plan physique et mental. À l’image des protagonistes, le spectateur se retrouve lui aussi coincé dans cet espace confiné, voyant le mouvement de ses héros freiné par les lois de la pesanteur, victimes d’autant plus vulnérables face à l’habileté de leur ennemi, tout à fait adapté à son environnement. Alors que la créature se montre tout à fait crédible, l’oeuvre pêche lorsqu’elle entend nous faire passer « de l’autre côté », en nous faisant partager le point de vue de Calvin. Ces courtes séquences démontrent une esthétique illusoire et n’améliorent en rien nos connaissances de cette entité ni n’augmentent le suspense inhérent au récit.


Angoissant, réaliste, Life offre une place égale à chacun de ses protagonistes. Même si sa communication se basait grandement sur la présence de Jake Gyllenhaal et Ryan Reynolds au casting, nul héros ne se détache véritablement du lot, hormis peut-être la docteure Miranda North interprétée par Rebecca Ferguson. En charge de la sécurité du vaisseau, cette dernière porte également la lourde responsabilité de préserver l’humanité de toute forme de danger. En majorité coupable de l’échec de sa mission, la jeune femme subit de plein fouet toutes les conséquences de ses décisions. Les scènes partagées entre son interprète et Jake Gyllenhaal permettent d’aborder – rapidement – les états d’âme de leurs protagonistes dans une œuvre qui ne laisse que très peu de place aux dialogues. Les rares monologues venant briser la course poursuite haletante entre Calvin et l’équipage font preuve d’une grande banalité. Le film manque ainsi de grandiloquence mais se rapproche d’autant plus de la réalité, où, dans des situations aussi extrêmes, la simplicité des souvenirs évoqués prend souvent le dessus sur les démonstrations d’éloquence. Ce sont davantage les réactions des protagonistes qui nous émeuvent que leurs paroles, tant on ressent la panique qui les ronge progressivement face à l’inextricable danger qui se referme sur eux. Réaliste, humain, angoissant, Life se révèle être un film efficace, métaphore – légère certes – de notre rapport à l’inconnu.


Scotchés

Scotches
7
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le 19 avr. 2017

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Scotches

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