Je ne sais pas pourquoi, le cinéma de James Gray ne m'a jamais attiré.
A tord sans doute.
Du coup, profitant de la diffusion de "Little Odessa" sur Arte, je me suis dis qu'il était temps de dépasser un peu mes préjugés et de vérifier si ce réalisateur mérite toutes les éloges qu'on lui fait.

Little Odessa, c'est tout d'abord un petit polar âpre, somme toute classique mais efficace.
Tim Roth interprète un tueur à gage qui doit se rendre dans la ville de son enfance pour accomplir sa dernière mission. Ainsi, avec sa petite équipe, il organisera le meurtre d'une "balance" et repartira aussi vite qu'il est venu.
Petit problème, Little Odessa est aussi le quartier de son enfance et ce retour aux sources l'amènera à faire face à une famille qui a bien changé depuis son absence : un jeune frère en recherche de repère , une mère mourante et un père qui semble avoir lâcher prise.
Le retour au bercail du vilain petit canard va foutre la pagaille dans une famille qui n'avait pas besoin de plus pour que ça explose.

Et c'est dans cette relation familiale que le film s'avère palpitant.
L'écriture des personnages est brillante. Tous ont un rôle à jouer dans cette espèce de tragédie moderne.
Joshua , tueur pourtant sans pitié , se révèle à travers la relation qu'il entretient avec son jeune frère et sa mère mourante.
La première scène où il retrouve sa mère est poignante et on sent un amour sincère qui le lie à une mère qu'il sait en sursis.

On peut reprocher au film de prendre un peu de temps à démarrer. L'ambiance est légèrement plombante et la musique renforce encore plus ce côté déprimant.
On sent que la tragédie peut surgir à n'importe quels coins de rues et elle ne se fera pas prier.
Pourtant, on reste saisi par cette famille , entre amour et haine ( l'image du père qui fait tout pour bien éduquer son fils mais qui n'est vu que comme celui "qui frappe", le cadet qui retrouve son frère aîné et qui s'en fait un modèle et l’aîné qui accepte ce rôle sans doute pour compenser la mort "à venir" de la mère, tout en sachant que lui aussi, il devra le quitter.)

La réalisation de James Gray est sobre, encore un peu hésitante par moment mais elle sert à merveille une histoire sombre et emprunt d'une certaine mélancolie.
Plus qu'un polar, c'est la chronique d'une famille.
Une famille avec ses faiblesses, ses doutes et ses petites lâchetés.
Une famille qui malgré la violence ( les scènes entre Joshua et son père sont terribles) voit poindre par moment des notes d'un amour sincère.

Un chouette premier film, non sans défaut mais qui m'a donné en tout cas envie de creuser un peu plus la filmographie du Monsieur.
Et une nouvelle fois, on dit merci à qui ? Merci à ARTE ^^
Stephane_Hob_Ga
7
Écrit par

Créée

le 26 mars 2014

Critique lue 298 fois

2 j'aime

Critique lue 298 fois

2

D'autres avis sur Little Odessa

Little Odessa
Sergent_Pepper
8

Requiem for a teen.

L’entrée en cinéma de James Gray se fait par un geste aussi fort que naïf : dans une salle obscure, face à un western dont la pellicule finit par brûler. La symbolique est ambivalente : fin du...

le 13 sept. 2016

59 j'aime

4

Little Odessa
drélium
5

Critique de Little Odessa par drélium

Il y a quelque chose, du James Gray surement, faut aimer... C'est incroyablement déprimant et remporte une certaine unanimité qui m'étonnera toujours. C'est bien joué assez logiquement avec Tim Roth...

le 22 juin 2012

35 j'aime

9

Little Odessa
Kiwi-
8

Childhood Poverty.

Comme les matriochkas, « Little Odessa » enchaine au milieu d’une tragédie familiale un thriller obscur se composant de plusieurs facettes. Chronique d’une famille russe égarée à Brooklyn et dont...

le 15 mars 2016

31 j'aime

2

Du même critique

Amarillo - Blacksad, tome 5
Stephane_Hob_Ga
6

Un jaune de l'espoir un peu délavé.

Blacksad fait partie de ces séries qu'on attend avec une impatience plus ou moins importante. Elle s'est démarquée, dès le premier tome, par le dessin de Guarnido , transfuge de Disney qui maîtrise...

le 17 nov. 2013

33 j'aime

8