Ce premier film de Little Witch Academia jouit d'une réalisation exceptionnelle. Sans s'attarder aux petites références, un peu secondaires, au genre des magical girls, le film imite l'univers d'Harry Potter, mais en bien mieux. Par rapport aux personnages de cette série anglaise, les héroïnes ont un caractère plus contrasté, plus mélangé de défauts et qualités, des caractères aussi plus vivants et plus susceptibles de faire aimer la magie. L'histoire est dynamique, l'animation et la colorisation ont leurs coups d'éclat, et il faut aussi insister sur le profil des personnages. Le visage de l'héroïne principale Akko est l'un des plus géniaux de toute l'histoire du dessin animé, c'est une invention époustouflante avec l'expression de ses yeux rouges, sa rondeur pleine de joie de vivre, sa coupe de cheveux, elle porte tout l'enthousiasme de la série sur son visage et porte excellemment sur sa physionomie qui illumine l'idée de la magie qui naît de la croyance en elle. Pourtant, l'animé se fend d'une autre invention géniale dans le profil, Sucy une sorcière au teint... particulier, qui évolue avec flegme et crée dans un premier temps une sorte de présence inquiétante qui se dissipe complètement par le charme de son espièglerie et de son humour pince-sans-rire. Son corps a un mouvement oscillant particulier et son visage impassible devient bizarrement le signe d'une personne de confiance aux sentiments solides. Même Lotte est une réussite avec le travail de son regard myope derrière ses lunettes. Diana est moins convaincante, mais elle a quelques expressions faciales intéressantes. Shiny Chariot est brillante aussi pour le visage qu'elle offre, mais son emploi sera perfectionné par la suite. La professeure maladroite est assez convaincante, même si elle a besoin de ses lunettes pour que son visage soit vraiment efficace dans l'emploi qui est fait d'elle.
J'émettrais des réserves dans la mesure où je préfère et le film qui a suivi et la série qui a suivi. En effet, ce film a un scénario plus faible et alors qu'on voit très bien que certaines données développées par la suite sont déjà prises en considération, notamment au sujet d'une présence subreptice de Diana en début de film, on n'a encore rien de transcendant sur le rôle du bâton magique de Shiny Chariot, sur les secrets de la professeure, etc. On a un lien entre le monstre de foire vaincu au début et le dragon qui connaît la même mise à mort. On a une chasse au trésor dans un labyrinthe qui est un peu racoleuse, et pour bien gonfler le succès on a un grand combat contre un dragon, mais pour moi la combinaison scénaristique ne prend pas encore. Le film Little Witch Academia : The Enchanted Parade a un traitement plus profond de sa thématique et il a aussi pas mal de moments de dialogue très subtils, tandis que la série atteindra carrément des sommets. En même temps, la série réécrira des moments du film et ceci fait que le film n'est pas canon. Pour moi, ce court-métrage a servi de rampe de lancement à la série qui est plus importante. Diana est plus subtilement amenée dans la série, plus subtilement traitée, notamment, ce qui était capital à l'intérêt scénaristique de la série en 25 épisodes. Ce qui se met bien en place, c'est le rapport entre Sucy et Akko, avec la scène du nez ou quand, dans le labyrinthe, Sucy explique qu'elle n'a pas pris la peine de prendre son balai, puisqu'Akko ne sait pas voler (et donc ne pourrait pas suivre) : on sent que Sucy et Akko ont de la présence et que ça peut fonctionner de manière dynamique dans un récit. Le dragon, je suis plus perplexe. Ici, le récit charme, mais il n'est pas encore prenant et émouvant, ce qu'il va commencer à être avec "The Enchanted Parade" et ce qu'il sera carrément dans la série de 25 épisodes. Il suffit de comparer les deux introductions avec un spectacle de Shiny Chariot pour voir la différence.