De l'amour à la mort il n'y a qu'un pas

Liza, une hongroise orpheline, a pour principale activité de s’occuper d’une vieille dame japonaise paralysée & asthmatique et ce depuis de nombreuses années. Totalement dépendante, sa patronne ne lui accorde que rarement le droit de sortir, seulement de très courtes durées à peine suffisantes pour faire des courses ou manger dans le coin. Il n’y a que deux choses qui lui font un peu oublier la morosité de sa vie : le fantôme dansant d’une starlette nipponne au costume à la couleur criarde et un roman d’amour. Tout bouscula le jour de ses 30 ans, où elle a enfin le droit de sortir plusieurs heures et croit qu’elle va enfin réaliser son rêve : rencontrer l’amour au Mekk Burger, de la manière qui est racontée dans son livre de chevet. Cette sortie déclenchera la mort de la veuve de l’ambassadeur du Japon et donc un tournant dans sa vie.

Propulsée dans une solitude presque absolue, elle se retrouve pointée du doigt par la famille de sa patronne, persuadée qu’elle l’a tué dans le but d’hériter de son appartement. La candide Liza se retrouve accablée, mais reste digne et silencieuse. Elle fut sortie de cette affaire sans trop de difficultés, mais sa paix ne sera que de courte durée puisque la mort ne cessera plus de frapper à sa porte, se débarrassant de tout ce qui pourrait être un partenaire potentiel. L’immensité de son désespoir la rend prête à se mettre avec le premier venu, ce qui cause un nombre incalculable de décès. Elle se croit véritablement maudite, mais cette malédiction est en réalité plus proche d’une bénédiction, puisqu’elle l’empêche de se mettre avec des hommes qui l’auraient sûrement rendu encore plus malheureuse. L’espèce d’ange gardien faucheur veille au grain, à son plus grand désarroi. Désormais la police lui colle aux baskets.

L’héroïne est attachante, il est aisé d’avoir de la compassion pour elle, de lui souhaiter d’avoir enfin le droit au bonheur. Le fantôme est un élément qui a du punch, à la fois drôle et angoissant. L’enquêteur plus solide qu’un roc apporte une touche d’humanité plus que bienvenue. Toutefois certains personnages sont un peu trop dans la caricature et il y a un manque d’historiques, le background de Liza est survolé et ne parlons pas de celui des autres qui est inexistant. Le suspens est quasiment aux abonnés absents, la succession de meurtres paraît redondante, mais personnellement je ne considère pas cela comme des défauts ici, parce que les morts sont variées et que ce film n’est pas un thriller mais un conte contemporain. L’humour noir présent pousse à un questionnement qui donne envie d’aller jusqu’au bout : finira-t-on sur un happy ending ?

C’est un film vraiment unique et c’est ce qui en fait son charme, le mélange improbable de cultures et de genres, mêlant drame, fantastique et romance est réussi. Visuellement beau et aussi agréable à l’oreille, la pop japonaise contraste joliment avec le reste. Ceux qui aiment l’originalité, le rétro et le loufoque seront servis.