Colère et déclin : héros et humains commutés

James Howlett, Alias Logan est vieux, malade et alcoolique. Il n'a plus sa place dans un monde débarrassé de ses mutants. Mais son passé révolu de X-Man est tout ce qui le raccroche à la vie. Désormais, il ne vit et travaille que pour accumuler de l'argent - et échapper un jour en yatch à son quotidien sordide, rythmé par un boulot de chauffeur vide de sens et la sénilité inexorable de Charles Xavier. Jusqu'au jour où une fois encore une âme en peine réclame l'aide de Wolverine. Un job dangereux, mais bien payé. Les fantômes du passé ressurgissent, la chasse aux mutants est de nouveau ouverte. Dans un film qui ressemble à une mise en abyme, nous suivons la fuite en avant de héros fatigués, agités de soubresauts d'héroïsme dans un monde résolument réel et normé. Logan, l'animal sauvage hanté par ses actions, est devenu la malédiction de James Howlett malade et dépressif. Mais c'est bien du mutant dont a besoin Laura, petite fille de 11 ans qu'il lui faut conduire près de la frontière du Canada, traqué sans répit par les Reavers, un groupe surarmé mandaté par une entreprise pharmaceutique qui bénéficie de l'appui inconditionnel du gouvernement (qui ne semble pas vraiment se poser de questions). Problème : Logan le mutant ne se réveille que sous le coup de quelques colères aussi primales que destructrices, l'occasion de parsemer le film de tueries. Des colères stériles, mais nécessaires pour compenser la faiblesse de James, qui, n'ayant plus de costume de Super-héros, se retrouve dans la position de faiblesse d'un individu isolé face à la société. C'est pourtant de James Howlett, obstiné, curieusement fragile et dépendant, du James qui traite Charles Xavier comme un père malgré des mots durs que Laura la jeune mutante a le plus à apprendre. Car c'est de lui qu'elle pourra appréhender le vrai sens de la révolte contre une condition imposée. Au final, Logan est un film de super-héros qui n'en est pas vraiment un, qui se présente plutôt comme le tableau d'un voyage vers la condition humaine. Un road-trip dépeint avec noirceur, réalisme, une pointe d'humour et pas mal de subtilité. Un chant du cygne aussi, parce que dans un monde devenu exclusivement humain, il est difficile aux mutants d'échapper à ce que les humains ont fait d'eux : des armes, et une illusion destinée à cacher que la technologie, la soif de pouvoir et l'avidité incontrôlés de certains humains hauts-placés sont bel et bien les véritables menaces d'apocalypse pour l'humanité.

Nilo
8
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le 5 mars 2017

Critique lue 298 fois

2 j'aime

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