Ce film, adaptation du roman éponyme de Thomas Hardy (1874), nous conte trois choses en une : l’histoire d’une époque, la réalité d’un lieu et la vie d’une femme.


Le cœur de ce film n’est autre que sa protagoniste, l’entreprenante Basthsheba Everdene (une Carey Mulligan en pleine forme) qui voit sa vie partagée et traversée par trois hommes, aussi différents qu’enivrants : Gabriel Oak, le berger simple et fidèle (Matthias Schoenaert) ; William Boldwood, le noble timide et réservé (Michael Sheen) ; Frank Troy, le militaire envoutant et arrogant (Tom Sturridge). Ces trois courtisans contribueront par leurs avances et leurs différences à faire émerger les multiples facettes du caractère et de la personnalité de la jeune femme, contraignant cette dernière à se remettre sans cesse en question face à des réactions tantôt paradoxales. Bathsheba – qui, au détour d’une nuit et d’un fatal coup du sort, passe de jeune campagnarde à patronne de la ferme familiale – a dans le regard la fierté, le courage et la détermination de ceux qui semblent disposés à accepter d’importants renoncements pour préserver leur autonomie et leur indépendance (autant financière qu’individuelle). Cette figure féministe, qui n’est pas sans rappeler celle d’Emmeline Pankhurst dans le film Suffragette (également interprétée par Carey Mulligan – tiens donc), ne réussira cependant pas éternellement à échapper aux brusques changements que le cœur peut effectuer lors de la rencontre de telle ou telle personnalité.


Le cycle naturel des saisons scande et influence la vie des personnages et leur travail, au sein de la ferme et du monde rural en général, nous présentant ainsi la division sociale typique de l’Angleterre victorienne. Les amoureux des grands romans anglais des XVIIIe et XIXe siècles apprécieront, entre autres choses, les costumes, fidèles répliques de cette époque oubliée et pourtant pas si lointaine.


Film classique du romantisme, tout en étant terriblement moderne, il est porté par la douceur des violons en adéquation à la beauté de la photographie, cette dernière étant d’une grande aide au scénario qui, à première vue, peu paraitre simpliste.
Si le film s’écoule plaisamment, il prend une ampleur et un rythme attendus lors de la seconde partie ; essentiellement avec les évènements qui, se succédant les uns aux autres, mettent en lumière la fragilité d’une femme qui, malgré tout, apprend à accueillir et à accepter les émotions étrangères et, en particulier, les amoureuses.


(adaptation et traduction personnelles d’un texte de Loredana Iannizzi - http://www.framedivision.com/archives/1316)

H Bazé

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