Quelle mise en abyme géniale que de voir Lola au Katorza, à Nantes, là-même où le personnage de Roland Cassard va s'installer dans Lola pour regarder un film. Jacques Demy a rendu avec ce premier métrage un superbe hommage à Nantes. Un hommage qui mérite d'être vu rien que pour les images -quasiment d'archive- qu'il propose sur la ville. Si les minauderies d'Anouk Aimée m'auront parfois rebutée, la candeur et la poésie de l'ensemble ont pris le dessus pour me convaincre. Car Lola est un film frais sur les premiers émois amoureux, ceux qui laissent une trace. Lola, c'est un peu la femme chantée par Barbara dans "Dis, quand reviendras-tu". Avec ses idéaux et ses espoirs, elle nous transporte dans un autre monde dont seul le cinéma a la clé. Et je trouve le personnage de Roland Cassard très intéressant. L'éternel rêveur, l'artiste, le type qui aime se croire incompris et différent et qui se justifie en citant des passages de La Condition humaine. Le genre de personnage que j'aime en somme. Mais ce qui cimente et parachève à ravir le film, c'est surtout la fin. Cette fin à tambour battant est dotée d'un rythme absolument parfait, et c'est elle qui scelle toute la cohérence du film. Pour ses débuts, Demy avait donc tapé plutôt très fort.