Après une belle période cinématographiques avec des sorties stimulantes, nous entrons dans une ère de relative accalmie. C'est dans ce contexte, que je tente London House. Le film sort discrètement dans nos salles et avec un peu de chance, cela pourrait être une bonne surprise.


La principale qualité de ce long-métrage, c'est sa durée : 1h26. C'est déjà pas mal, surtout avec la présence de Clémence Poésy en version londonienne de Mélanie Laurent, mais sans le côté prétentieuse que peuvent avoir les personnes de type parisienne. L'affiche ne lui rend pas hommage, en donnant l'impression de voir Mathieu Delormeau (si tu ne connais pas cette personne, tu as bien de la chance), ce qui est le truc le plus flippant du film. Malheureusement, le thriller ne tient pas ses promesses et se révèle rapidement prévisible. Il faut dire que la subtilité n'est pas son fort avec David Morrissey, nous sortant son regard noir du début à la fin, tout en serrant les mâchoires. L'intrigue est simpliste, les gentils vivent au premier étage et les méchants viennent d'emménager au rez de chaussé. Ils ne vont pas très bien s'entendre, après un accident qui prête à sourire. La guerre psychologique est déclarée.


La grisaille enveloppe la vie du couple de Kate et Justin (Stephen Campbell Moore), alors que les couleurs sont chatoyantes du côté de chez Jon (David Morrissey) et Theresa (Laura Birn). Les deux femmes étant enceintes, on peut se demander dans quel couple, le bébé va-t'il le mieux s'épanouir. On penche pour le premier, car ils ne laissent pas leurs chaussures devant le pas de leur porte, et madame ne boit pas du vin derrière le dos de son mari, semblant toujours être en colère. L'accident ne va pas arranger leur cas, tant ils vocifèrent comme des bêtes enragées et surtout blessées. Cela ne va pas aller mieux avec un bébé constamment en pleurs, l'alarme de la voiture se déclenchant dès qu'il se calme, alors que les disputes deviennent incessantes au sein du couple au bord de la crise de nerfs. On assiste à ce spectacle manquant de finesse avec un profond ennui, en attendant de nous conforter dans notre sentiment sur la lamentable feinte finale.


L'héroïne Kate (Clémence Poésy) ne va pas se révéler des plus sympathique. Elle passe son temps à surveiller ses nouveaux voisins pas sa fenêtre, comme une vieille acariâtre s'ennuyant après son épisode des Feux de l'amour. Elle jalouse leur superbe jardin, digne de Ken et Barbie. Lors d'un repas avec des amis, elle va faire preuve de racisme à l'encontre de sa nouvelle voisine de type allemande et se moquer d'eux sans les connaitre. Sa vie est aussi morne que la déco de son appartement. Bref, Kate ne donne vraiment pas envie d'être en empathie avec elle. En bonus, elle a un antécédent traumatique, dont le nom du responsable de son état est Griezzman, avouez que cela prête à sourire. Ce n'est pas très grave de ne pas avoir une confrontation entre des gentils et des méchants, c'est juste qu'on s'en tape un peu et qu'on a envie de tous les voir se faire décapiter par l'adorable chat de Kate.


Le film est comparé à Rosemarys Baby, alors que cela ressemble plutôt à une version low cost du Locataire, ces deux films étant réalisés par Roman Polanski. David Farr n'est pas vraiment au niveau de l'illustre metteur en scène. On ressent son influence, mais pas son talent. Il ne réussit pas à instaurer une atmosphère angoissante et ne va jamais nous prendre au dépourvu. Certes, c'est un premier film, mais en tant que scénariste de la série The Night Manager, il m'avait déjà prouvé sa capacité à m'ennuyer. Sa mise en scène ne va pas réussir à transcender son scénario poussif.


Le film ne donne pas envie d'avoir de voisins, d'enfants et de chats. C'est tout ce qu'on peut retenir de ce téléfilm n'offrant pas grand chose dans le domaine du suspense, du drame et du cinéma. Finalement, le spectacle était surtout dans la salle, mais ceci est une autre histoire.

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le 25 mars 2017

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Laurent Doe

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