Un bien drôle de film que ce Lone Ranger!
Bien moins médiocre que sa réputation pouvait le laisser présager, le film de Gore Verbinski réserve quelques bonnes surprises! Tout d'abord, les scènes d'action se révèlent très lisibles et très fluides, ce qui n'est pas si fréquent dans les blockbusters actuels. La partie comique du film fonctionne plutôt bien, sans être trop appuyée. Même si l'on aimerait retrouver Johnny Depp dans un rôle sans maquillage et dans un registre autre que celui de l'outrance, sa prestation n'est pas déshonorante, grâce notamment à l'étrangeté qu'il insuffle à son personnage. En revanche, le film n'évite pas quelques longueurs, mais c’est la mode à Hollywood. Ces longueurs reviennent en partie au niveau métadiégétique qui ralentit le rythme et n'apporte que très peu de choses à la compréhension des événements, des personnages et de leurs motivations ou de la morale du film.
Lone Ranger se rangerait donc du côté des divertissements agréables, plutôt sympathiques, un représentant parmi d'autres de la suprématie hollywoodienne sur ce genre de cinéma. Mais il introduit alors un élément particulièrement frappant dans sa narration : la menace planante du viol. Un film d'action familial qui ose faire dire à l'un de ses personnages: "Il a voulu me violer avec une patte de canard" mérite une attention certaine! Certes ce personnage est montré comme l'idiot du film, un personnage dégénéré, il introduit quand même dans les pensées du spectateur, notamment enfant (cible du film, précisons le), la représentation d'une sodomie à coup de patte de canard. Friedkin sort du corps du pauvre Verbinski a-t-on alors envie de s'écrier! Un peu plus loin dans le film, lorsque l'héroïne est kidnappée par l'affreux méchant du film, cette question du viol devient majeure comme un outil de suspense qui de latent dans d'autres films deviendrait manifeste ici. Le film devient alors bizarrement malaisant malgré la poursuite assez réussie de son cahier des charges, à savoir : action+comédie. Il n'est pas impossible de penser que l'échec du film au box-office trouve dans cet élément une de ses racines.