L’année dernière, nous avons eu le droit à l’efficace Source Code pour le délire spatio-temporel. Cette année, Looper prend sa place avec un casting plutôt bon entre Bruce Willis (de retour avant de passer une nouvelle journée de merde dans Die Hard 5) et Joseph Gordon-Levitt sans oublier la magnifique Emily Blunt sur une histoire plus si originale après avoir vu la bande annonce au moins dix fois. Bref au début, on nous réexplique le film une énième fois avec l’origine des Loopers et les enjeux de leur métier atypique. La bonne surprise est de voir que ça concerne uniquement les premières minutes donc ne nuit en aucun cas à la suite (dont presque rien n’est montré dans la bande annonce, du moins pas de façon intelligible).

On suit alors Joseph Gordon-Levitt grimé pour essayer de ressembler à Bruce Willis mais au final, il ressemble plutôt à un cousin éloigné de Marv (Sin City). Le seul air de ressemblance qu’on peut trouver entre les deux personnages est à situer au niveau du nez. On apprend que Joe Jeune (Joseph Gordon-Levitt donc) est une petite frappe toxicomane avec un projet de venir habiter en Gaule avec les deux gays Astérix et Obélix (ou chez le romains, si vous avez vu le film en VF). Le mec, il a un peu une VDM, faut dire que le pauvre est amoureux d’une prostituée qui ne l’aime pas en retour. Bzzzzzzzz, je zappe un peu jusqu’au point fatidique. Là, on arrive au point de rupture où Looper va entamer deux lignes temporelles, celui où Joe Jeune tue ou non Joe Vieux.

L’intelligence du film est de l’expliquer de façon rationnelle sans qu’on y trouve rien à redire à l’aide d’un procédé intelligent permettant de revenir sur la ligne temporelle de Joe Vieux différente de celle Joe Jeune car il existe une anomalie temporelle entre ces deux courants, une anomalie appelée le Maître des Pluies (ou le Rainmaker en VO). Une anomalie qui bouleverse la lignée temporelle surtout via un premier retour dans le passé, celui de Vieux Seth (dont la version jeune est jouée par Paul Dano) qui informe Joe de l’existence du Maître des Pluies. Selon le principe de l’effet papillon, c’est la merde par la suite et ce sont deux lignées temporelles différentes qui sont crées, celle de Joe Jeune et celle de Joe Vieux. Je n’en dis pas plus, le reste vous le verrez de vos propres yeux. Toutefois, la création de ces deux lignées offre un outil scénaristique très intéressant au réalisateur permettant de jouer sur la confrontation entre les deux versions du même personnage et pas sans humour.

Tout reste logique de bout en bout dans le film sauf la fin qui va gêner les plus pointilleux (mais ça, j’y reviens dans l’article créé spécialement pour ça - marvelll.fr/dossier-looper-les-boucles-expliquees/) mais le reste de la plèbe s’en foutra complètement. Le génie de l’histoire est que le retour de Joe dans le passé réécrit l’histoire du coup, un suspens permanent existe car il n’y a pas de fatalité. Enfin « suspens », faut voir tout de même car l’ensemble demeure malgré tout très prévisible de bout en bout. Ça n’empêche pas au long-métrage de Rian Johnson d’offrir d’excellentes scènes comme le remix du hall d’immeuble de Matrix en moins maîtrisé mais avec un Bruce Willis à la baguette. Le futur est assez fun aussi même s’il ressemble beaucoup à celui de Blade Runner où on aurait enlevé le style « fait tout noir » pour le rendre plus réaliste. On pensera beaucoup à Terminator avec Bruce Willis à la place du Miss Univers, Joseph à la place de Kyle Reese et Emily à celle de Sarah Connor, vous capterez tout de suite en voyant le film.

La grande star du film est le jeune Pierce Gagnon déjà vu en figurant dans The Crazies (vu, vu, c’est vite vu quand même). Il incarne Cid et ses scènes sont parmi les plus spectaculaires du film (difficile de ne pas vibrer) n’étant pas sans rappeler un des mangas les plus célèbres de tous les temps : Dragon Ball Z
Spoiler: Pourquoi DBZ? Cacher
Quand le gamin s’énerve sur le champ de maïs à la fin du film, je me suis exclamé : « Merde, il va se transformer en Super Saiyan ! ».

Sans oublier qu’il a beaucoup de charisme permettant d’offrir à ce rôle peu évident car apportant une dualité et aussi beaucoup d’humour.

Looper marque le pas épisodiquement en s’éternisant sur certains faits pas foncièrement intéressants du coup subit quelques baisses de régimes avant de repartir de plus belle. Il s’agit vraiment d’un des rares défauts du film mais ils ont le malheur d’exister. L’autre gros problème, c’est son absence totale d’originalité, tout respire un peu le sentiment de déjà vu avec un melting-pot de Terminator, Blade Runner, Sale Môme (où Bruce Willis rencontre sa version plus jeune – exactement le plus pitch que Looper, heureuse coïncidence) et Matrix. Mais là, où chacun des films (à l’exception de Sale Môme, faut pas déconner non plus) apportait sa pièce à l’édifice du Cinéma, Looper ne se révèle qu’être un bon film de plus n’apportant aucune réelle originalité mais ça reste un bon film méritant largement de payer une place de cinéma, un peu comme Source Code en fait.
Marvelll
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le 31 oct. 2012

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