Cajolé dans l'ambre pimpante de l'œuvre première, Ryan Gosling délivre avec Lost River un morceau fantasque de cinéma expiatoire, aussi personnel que distant. Kaléidoscope de quêtes tragi-oniriques, entre amour, fortune et exorcisme, le film se révèle comme un objet ouaté, désincarné, la narration perturbante et lymphatique nous enfermant aux côtés de ses personnages perdus dans cette ville de Lost River, halo coagulé tel une cité immergée. Blindé de références éparses tel un spectre de Refn couplé à un zombie gothique, le métrage parvient pourtant à creuser son identité, macabre, urbaine, flottante, dont les expérimentations hasardeuses du cadre et du montage ne parviennent jamais à rendre hommage au travail fantastique de la photographie. De la contemplation du flux aux exaspérations de ses balafres, il est complexe de se laisser totalement inonder dans l'expérience Lost River, moins exigeante que provocante. Coquille vide ou prouesse subjective, le premier film de Gosling ne sait sur quel pied danser mais à le mérite indéniable de laisser un goût différent dans l'âme de chaque spectateur, capable d'ouvrir ses portes iodées à qui veut bien y entrer.
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