Où est donc passée la drogue?

Non, je ne suis pas en train d'avancer que Gosling a fumé de l'opium pour nous pondre un tel film.

Ce que je dis, pour ce film arty comme il faut, c'est que le seul sujet subversif qu'il lui manque dans la collection, c'est la drogue. Il suffisait que la mère se shoot à l'héro, merde quoi ! Enfin bon, on va pas se plaindre, on a le droit quand même au feu, à la violence, au glauque&gore, au sexe,...
Lost River, ce film magmatique aux reflets surnaturels, cette pépite améthyste au parfum enivrant, nous donnes envie d'utiliser un panel de mots ésotériques pour le qualifier en profondeur. Mais je vais vous éviter cela, le film en a déjà bien fais assez.

Ryan le beau gosse, en plus d'être Ryan le beau gosse acteur, est un bon réalisateur. Il a compris le cinéma, il le connaît, s'en sert, s'en réfère, et pour cela on ne peut nier l'appréciable professionnalisme de son travail. Ses cadres, ses plans, la longueur de ses séquences, les mouvements de caméras, tout est choisit minutieusement avec une intention d'effet précis. Le résultat est beau, mais un peu trop visible, on sort à mon goût du naturel et la mimesis se brise par un dessein trop lisible. Je parle pas de naturalisme, de fantastique, ou de quelconque genre qui naît de son oeuvre, mais juste des coups de crayons que laissent le dessin qu'est son film. Autrement dit, il y a un manque de naturel, l'oeuvre de Gosling manque de modestie et de justesse. Mais je fais des chichis.

En fait, si je fais des chichis, c'est parce que c'est le genre de film où tu te poses la question, LA question, la fameuse: Comment apprécier un film si ces effets de style ne sont que des effets de style futiles?
Une question qui ressort souvent, le style pour le style, l'effet pour l'effet, la carapace vide. Une phobie du cinéma. Est-ce le cas de Lost River ? Je ne pense finalement pas. Dans ce film tant de clichés son repris, tant d'effets stylisés, tant d'images, qu'il en devient une sorte de tableau mystique du cinéma. Il prend une base scénaristique simple (et presque limite), avec suffisamment de petits éléments croustillants comme la revente de cuivre, le zoo abandonné, le trashshow, pour donner un volume atypique à la ligne conductrice de ce film. Je vais pas résister toutefois à faire une courte liste de toute cette imagerie classiquement incongrue du cinéma réalistico-fantastique: la fille aux cheveux noires et son rat, sa grand-mère veuve et silencieuse, sa maison bric à brac, la mère célibataire et ses deux enfants, un responsable et un trop jeune, le caïd du bled abandonné avec ses délires trashs, son acolyte monstrueux, le banquier véreux et obsédé aux plans chelous, et j'en passe bien des autres!

Vraiment, il a été dur pour moi de rentrer dans ce film, d'y croire, de pas voir trop grassement le projet de Gosling, le manque de finesse parfois dans sa réalisation et ses intentions, mais j'ai finalement succombé au charme envoûtant de sa dystopie urbaine et féerique, à cette belle tapisserie onirique aux couleurs roses et violettes montrant une scène mystique. La maelstrom magique nous emporte, cette ville abandonnée et maudite nous ensorcelle, et la fusion du travail de la photographie et de la lumière juxtaposée à une musique électro sombre et dynamique, avec des paysages merveilleux, finit, couplée à des personnages léchés et bien interprétés, par nous séduire complètement.
Je tiens à dire quand même: Ben Mendelsohn que j'apprécie particulièrement, aurait tellement pu être mieux exploité, c'est mon regret ! (on me dira, comme tant d'autre personnages, oui mais, là, j'aime vraiment l'acteur)...

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Frankyyyyyy !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ce cri strident de vérité m'a tordu le cœur, me plongeant définitivement dans l’âpre réalisme fantastique du rêve créé par Gosling. Cependant, plus peintre que réalisateur, ce dernier gagnerais à acquérir une humilité cinématographique digne des plus grands, tel que David Lynch auquel il nous fait largement penser.