POUR


(...) On a l’impression de s’enfoncer progressivement dans un huis-clos suffoquant, sans porte de sortie. On désenchante devant cette Amérique délaissée et qui est tombée dans ses bassesses les plus innommables. L’homme est devenu son propre prédateur, sa compassion n’est jamais désintéressée, son seul souhait n’est pas la domination, mais l’assouvissement de son prochain. Ryan Gosling parvient à faire ressortir une noirceur abyssale qu’il confronte à une amertume douce-amère. Mais même ce manichéisme criant ne parvient pas à étouffer la richesse du film. Les personnages sont caricaturés à l’extrême par dessein, chacun d’entre eux évoluant dans une bulle close qui se referment inexorablement, jusqu’à ce qu’ils deviennent prisonniers de leur propre condition. « Billy », la mère se sacrifie pour ses enfants, Rat en est réduite à imaginer un monde où elle aurait pu être heureuse, le jeune Bones s’échine au péril de sa vie à s’échapper de cet endroit tout en sachant intérieurement qu’il n’y parviendra jamais (...)


CONTRE


(...) tout au long de LOST RIVER, les plans, la mise en scène, le cadrage et la photographie rappellent directement les dernières œuvres de Terrence Malick, Nicolas Winding Refn ou encore Derek Cianfrance (The Place Beyond The Pines), les réalisateurs avec qui l’acteur a collaboré récemment. Gosling semble clairement inspiré par ces réalisateurs, mais pas par ce qu’ils ont produit de mieux. Plutôt que le magnifique The Tree of Life, de Terrence Malick c’est davantage sa caricature A la merveille qui vient à l’esprit. Un décalage entre l’image et des dialogues (voix off intra-diégétique) ou des plans filmés caméra à l’épaule proches des acteurs le regard au loin qui rappellent immédiatement les effets de Malick. Egalement l’ambiance est davantage à prendre du côté de l’ennuyeux et uniquement visuel Only God Forgives plutôt que de Drive de Winding Refn. Car il faut l’admettre LOST River est d’une grande beauté. Ryan Gosling est pour cela allé chercher Benoît Debie, le directeur de la photographie d’Enter the Void, de Gaspard Noé, et Beth Mickle, la chef décoratrice de Drive et Only God Forgives. Les deux techniciens plongent le film dans une esthétique sublime, des couleurs flashy et kitchs, venant contraster avec une ville morte qui brûle à petit feu. Une ville fictive (tourné à Detroit) rappelant cette fois l’ambiance qui planait autour de The Place Beyond The Pines (...)


Les avis de Paul et de Pierre en intégralité, sur Le Blog du Cinéma

LeBlogDuCinéma
6
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2015

Critique lue 286 fois

3 j'aime

2 commentaires

Critique lue 286 fois

3
2

D'autres avis sur Lost River

Lost River
cinematraque
5

Ryan Gosling et sa pancarte fluo "ATTENTION FILM ETRANGE!"

Véritable émoi sur la Croisette pour l’arrivée de Ryan Gosling. La foule immense dans la file d’attente prouve que c’est lui la vedette d’Un Certain Regard. C’est la première fois depuis que je suis...

le 22 mai 2014

78 j'aime

Lost River
mymp
7

How to catch a monster?

C’est ce qu’on appelle un retour de hype. Pour faire court, quand Ryan Gosling vient présenter Lost river à Cannes en 2014, son film se fait pas mal laminer. Gosling on l’aime bien, il est beau...

Par

le 8 avr. 2015

76 j'aime

6

Lost River
SanFelice
7

Paradise Lost

Le générique implante l'ambiance qui sera suivie tout au long du film, un mélange de nostalgie, d'enfance rêvée, et d'angoisse quasi-surnaturelle. Le lieu d'abord, qui compte tellement qu'il est...

le 24 avr. 2015

71 j'aime

11

Du même critique

Buried
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Buried par Le Blog Du Cinéma

Question : quels sont les points communs entre Cube, Saw, Devil, Frozen et Exam ? Ce sont tous des films à petit budget, dont le titre tient en un seul mot, et qui tournent autour du même concept :...

le 21 oct. 2010

43 j'aime

4

The Big Short - Le Casse du siècle
LeBlogDuCinéma
7

Critique de The Big Short - Le Casse du siècle par Le Blog Du Cinéma

En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...

le 16 déc. 2015

41 j'aime

Un tramway nommé désir
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Un tramway nommé désir par Le Blog Du Cinéma

Réalisé en 1951 d’après une pièce de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même monté à Broadway en 1947, Un Tramway Nommé Désir s’est rapidement élevé au rang de mythe cinématographique. Du texte...

le 22 nov. 2012

36 j'aime

4