Je restais sur une très mauvaise impression de Ryan Gosling avec le très mauvais Only God forgives. Après avoir vu la bande-annonce de Lost River, son premier film en tant que réalisateur, je m'attendais, un peu naïvement sans doute, à subir le même calvaire. Et c'est ce qui c'est effectivement passé. Au moins dans les premières minutes. Je trouvais cela lourd, emprunté, pompeux, prétentieux, esthétisant. Aussi bien sur la mise en scène que sur le scénario. Parti donc pour finir dans un ennui profond. Mais contre toute attente, sans m'en rendre compte, une certaine fascination est arrivée subrepticement et je me suis totalement laissé aller dans le film et le récit. Certes, l'ensemble n'est pas vierge de défauts, ceux cités plus haut restent valables, mais c'est fait avec une certaine fraicheur, et même candeur, qui fait que l'on s'attache progressivement aux personnages et qu'on se laisse aller dans les méandres de l'histoire atypique de cette famille brisée par la crise. On ne voit pas toujours où Gosling veut nous emmener, ni ce qu'il veut nous dire mais on s'en fout un peu. Tel un film de David Lynch, Lost River est un film d'ambiance, intriguant, qui se ressent et se voit à l'état brut sans chercher à en faire une analyse profonde. Il a aussi su réunir un très beau casting. Je ne connaissais pas Iain De Caestecker, très bien, ni Christina Hendricks, parfaite. A leurs côtés les talentueux et chevronnés Saoirse Ronan, Eva Mendes, Ben Mendelsohn et le français Reda Kateb. Techniquement, c'est superbe, une musique envoutante, des décors et des images splendides (de Benoit Debie, directeur photo de Gaspar Noé) et la ville de Detroit, véritable personnage à part entière.


Gosling a voulu mettre beaucoup de choses dans son film, tant sur le plan de la réalisation que des idées, c'est sans doute parfois (souvent) maladroit. Mais il se dégage une certaine magie, une poésie et une belle émotion qui font que l'on peut légitimement mettre quelques beaux espoirs en lui en tant que metteur en scène. Lost River est un joyau brut, mal dégrossi, que l'on admire aujourd'hui mais à qui on laissera au temps de le polir. C'est noir, c'est sombre, c'est bancal, c'est original, c'est beau, c'est glauque, c'est désespéré et c'est plein d'espoir... Une belle surprise...

ffred
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le 12 avr. 2015

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ffred

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