Grosse collection de clichés. Ce film qui m’a laissé froid comme un poisson dans l’eau, bien qu’encensé corps et âme par la critique. Je re-visionne pour être sûr de ne pas passer à côté de quelque chose, (on ne sait jamais), et c’est pire. La pire collection de clichés possible, encouragée par beaucoup de prix, d’éloges, etc. Etc. Etc. Mais pas de panique. Ce n’est pas la première fois qu’un mauvais film recueille un max de suffrages, et ce n’est pas la dernière. Une fois de plus. Bill Murray fait son numéro de clown triste. Il est perdu dans le grand hôtel étoilé qui lui sert de villégiature. C’est Bob. Charlotte, elle, s’ennuie à attendre que son photographe de mari revienne du boulot. Dans le grand hôtel, elle tourne. C’est Scarlett Johansson. Le film commence d’ailleurs, par un plan fixe sur le généreux postérieur du futur agent Kasunagi, (ce qui présage de bons augures pour la suite ?), mais non, on est vite douché. La rencontre ne fera pas d’étincelles.


  Bob rencontre Charlotte. Ils sont tous les deux abrutis à cause du  décalage horaire, à côté de leurs pompes, complètement blasés. Bon.  Mais à part le fait que les japonais soient de petite taille, qu’ils adorent les jeux vidéos, qu’ils aiment le karaoké, et qu’ils ne parlent pas anglais, elle développe quoi dans ce film, Sofia Coppola ? Bill joue la star américaine, Scarlett la petite fille modèle, et le vieux il prend du temps à se décider, alors qu’on sent qu’il a vraiment envie d’y aller. Mais qu’est-ce qu’il attend ? Elle ne demande que ça, non ?


     En attendant qu’il se jette à l’eau, on a d’autres clichés. L’excentricité du présentateur télé aux cheveux roses, un jeu télé débile japonais ; la geisha obsédée sexuelle qui se jette sur ce pauvre Bill, lui n’y comprend rien. Il ne comprend pas grand-chose, en fait. Ce film ressemble à un roman-photo des vacances de miss Sofia au Japon. (Elle a avouée s’être inspirée de ses vacances pour écrire le scénario, ce qui ne me rassure pas). Elle filme Tokyo comme une touriste, alors qu’elle est cinéaste. Tokyo, c’est Néo-New York, la pub, les néons, les lumières. C’est beau ! Et on n’est pas si dépaysé que ça, dès qu’une image s’affiche, il y a la tête de la star américaine, Bob, qui fait la pub pour le whisky, Suntory™, (boisson préférée des japonais).


   Bob, a énormément de mal à joindre sa femme au téléphone, car la communication, même téléphonique entre le Japon et les USA c’est assez compliqué, ça ne passe pas. Rien ne passe. Et rien ne se passe. Heureusement, le fax fonctionne. Au moins ça, ça fonctionne, pourrait-on dire. Comme on sent le vide, il fait quelques pitreries destinées à  faire rire, mais après ? Après on fait quoi ?


    Il paraît que c’est drôle, bon. Un comique un peu bête et répétitif, quand même. Bill m’a fait rire (un peu), au début, mais le désert scénaristique à pris vite le dessus. Bob et Charlotte dans une non-relation, fausse; éperdus à cause d’un soi-disant décalage culturel, mais ils s’amusent tout le temps (?)  Bill se transforme en un Woody Allen de 1m90, et c’est drôle ? Quel intérêt de tourner ça au Japon ? Á Madagascar, ou au Tadjikistan, le résultat aurait été le même, et on aurait eut un vrai décalage, pas biaisé, comme ici. Clairement, nos deux touristes s’emmerdent au Japon, n’en ont rien à foutre de Tokyo, et ne sont là que pour le boulot. Quel boulot ? (faire un film), c’est fait. Et comme elle s’ennuie toujours plus, Charlotte essaye l’Ikebana. C’est ce qu’elle dit un moment : « J’ai essayé l’Ikebana », comme on essaye une paire de chaussures, ou du rouge à lèvres. Je ne suis pas sûr qu’elle comprenne ce qu’elle fasse, elle non plus. Si on lui apprend que l’Ikebana, c’est un Art traditionnel millénaire, codifié, avec un style, un cérémonial, des pratiques, des écoles, elle va avoir mal à la tête. Trop compliqué. Trop dur. Restons simple.


   Donc, une musique d’ambiance pop acidulée, qui va finir par devenir la marque de fabrique de miss Coppola, emballé c’est pesé, et puis c’est tout. Et voilà que le mont Fuji se joint à ma collection (non exhaustive de clichés). Collé comme un papier peint dans le décor, le mont Fuji. Bob joue au golf dans une des salles du grand hôtel, dans un (décor) grandiose et artificiel. Le mont Fuji, c’est un immense papier peint défraîchi. C’est un peu tout ça, ce film, artificiel. Affligeant presque. Et quand à la scène finale à l’eau de rose, piquée sur RomansArlequin.com, j’en parle même pas. J’ai lu des gens prétendus sérieux, faire de longues phrases alambiquées, pour nous expliquer pourquoi ce n’est pas bateau et stéréotypé, bien que se soit plus bateau tu meurs. Au secours !


 Mélo neu neu, où il se passe trois fois rien. Scénario inexistant, scènes improvisées, on se moque de qui là ? Et puis ces tons pastel, et cette lenteur que tout le monde appelle « poésie », faut arrêter. Comme quoi un nom prestigieux sauve de tout, même du cliché. Et je dis ça à dessein, car j’aurais aimé savoir le destin d’un tel film, avec un autre nom sous le générique, juste pour voir, et rire un peu. Comment tu traduis : « Grosse collection de clichés » en japonais ? J’sais pas. Je parle pas Japonais. Autant se saouler. Boire un coup pour oublier.


It’s Suntory time. Pour tout le monde. C’est la seule phrase d’anglais que ces japonais connaissent. « It’s Suntory time ! » Akira Kurosawa a dirigé une pub pour Suntory™ avec son père, Francis Ford, à l’époque. Kurosawa dirige Coppola père, et Sofia dirige Bill Murray, comme un clin d’œil plein de vanité, et elle descend le curseur d’un cran.


Suntory, What else ?  Pour tout le monde. Ce film c’est un placement de produit, et un acte manqué. Le produit Coppola. Je suis la fille de qui vous savez. Coucou, c’est moi, Sofia…Hum. Autant se saouler pour oublier.

Angie_Eklespri
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le 26 févr. 2018

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