Le Mal Du Pays

L'ennui semble être le credo de Sofia Coppola, tout du moins, l'ingrédient principal à la concoction de ses films.

Mais elle parvient encore une fois à faire de cette lassitude un sujet passionnant. L'histoire est pourtant toute bête. Deux personnes aux vies bien différentes sont plus ou moins forcées de passer quelques jours au Japon et s'ennuient ferme face à l'hostilité d'une telle culture.
Le premier tiers du film se contente donc de nous dévoiler la vie bien morne d'un acteur américain parti faire de la pub au pays du Soleil levant et celle de la charmante femme, un peu intello, d'un photographe overbooké passant ses journées dans sa chambre d'hôtel.

Et c'est là que le jeu d'acteur fait merveille. Bill Murray revêt un faciès merveilleux, tentant tant bien que mal de faire bonne figure malgré une déprime et un mal du pays palpable bien qu'il ne semble pas si pressé de retrouver sa famille. Quant à Scarlett Johansson, subtilement mise en valeur pour le plus grand bonheur des hommes que nous sommes, cette dernière tente d'aguicher son jeune mari qui finit par la délaisser avec pour seule excuse son boulot.

Pas étonnant que les deux coeurs délaissés finissent par papoter au bar d'un restaurant de leur malaise respectif. Ce bavardage va pourtant mener un peu plus loin qu'ils ne l'auraient imaginer.

Le film prend dès lors une autre tournure. Les deux ne peuvent plus se séparer, la vie leur semblant trop pénible quand ils sont esseulés et une amitié touchante se noue petit à petit. Rien de passionnel, bien au contraire. Tout est dans la discrétion. Des petits regard par ci, par là, des poignées de main plus longues qu'à l'accoutumée, des embrassades sensuelles. Mais rien de charnelle.

Cet amour naissant est parfois balancé mais persiste. Et à la manière d'un Sur La Route De Madison, on sait comment l'histoire va se terminer mais l'on ne peut s'empêcher de se lier d'amitié avec ce couple atypique mais pourtant si parfait. Sans jamais que le film ne tombe dans la mièvrerie.

Encore un film au rythme crescendo que l'on savoure d'un trait, sans jamais se lasser, ni du film en lui-même, ni de la relation qui peut exister entre ces deux personnages.