Lost In Translation est un beau film. Sofia Coppola a le chic pour dévoiler la subtilité de la naissance des sentiments amoureux, son esthétisme épuré et aérien contrastant avec la pesanteur des silences, des regards et de la solitude intrinsèque de ses personnages.

Bill Muray est plus vrai que nature dans son rôle d'acteur has been déphasé et en pleine crise de la cinquantaine. Sa mélancolie trouve écho en celle de Charlotte (Scarlett Johansson) et de cette rencontre naît une amitié ambigu et surtout le sentiment de revivre, de se laisser délicieusement porter par l'amour naissant, le charme de la culture et des paysages urbains japonais, l'air et les couleurs de la nuit. Sofia Coppola a capturé à merveille la beauté de la nuit, ses lumières artificielles qui teintent une toile de fond bleutée (rappelant le sublime Milenium Mambo), l'excitation et le rêve éveillé qu'on éprouve quand on vit, court, s'aventure au cœur de sa magie fragile et éphémère. De plus, on est totalement dépaysé, tour à tour amusé ou fasciné par la culture japonaise : le contraste entre tradition et modernité, le goût du mystère et de la perfection, une affection pour l'absurde et le déjanté, l'art de marier les jardins et les fleurs aux buildings dont la poésie s'éveille uniquement au Japon. C'est simple, j'avais envie de prendre un aller simple en regardant ce film.

Enfin, la bande son est excellente. Je savais déjà que Sofia avait des goûts musicaux exquis mais alors là, elle atteint des sommets : chaque, je dis bien chaque morceau épouse parfaitement les contours de la scène qu'elle accompagne, comme un cocon, comme le souffle du vent, comme une seconde peau. La scène de fin avec Just Like Honey de Jesus and Mary Chain m'a collé un mini orgasme auditif et visuel.
Silencio
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le 12 mai 2013

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Silencio

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