L’iconique petite fille blonde débarque au cinéma mais le passage de l’écrit à l’écran a-t-il changé tout son caractère et son univers ? Malheureusement, il faut croire que oui.
On peut être un bon auteur de bande dessinée et un très mauvais artiste cinématographique. C’est en tout cas ce que Julien Neel nous prouve avec l’adaptation catastrophique de sa propre oeuvre Lou ! Journal infime.
Lou est une petite fille joyeuse, pleine de vie, inventrice. Élevée par sa mère qui est restée une ado accro aux jeux vidéos, elle est amoureuse de Tristan qu’elle espionne depuis le toit de son appartement, l’oeuvre originale nous emmène dans la vie de la jeune fille accompagnée de sa meilleure amie Mina, de sa grand-mère râlante et de tous ses amis. Un joyeux univers décalé complètement oublié par le film. Ce dernier ne respecte quasiment aucun élément de la bande dessinée. C’est d’autant plus fou de voir Julien Neel à la réalisation. N’a-t-il pas compris l’essence de son oeuvre ? En tant qu’adorateur de la bande dessinée, du moins les premiers tomes cultes et inventifs, la copie rendue n’a rien à voir avec son aînée. Parlons de l’adaptation.
Le choix a été de réunir plusieurs séquences des différents livres afin de les réunir en un seul film d’1h40. Or ce qui faisait la force de Lou, c’était de voir l’évolution d’une jeune fille à travers son existence traversée par l’amitié et l’amour et on voyait à quel point l’évolution se faisait par les étapes de sa vie. Dans le film, tout est mélangé. Ce n’est pas dérangeant de modifier des scènes comme le sont les rencontres entre nos personnages (Lou et Richard, Marie-Emilie et Lou…) mais dénaturaliser autant l’oeuvre originale en ne respectant aucun des codes liés aux protagonistes, cela est très embêtant. Même les personnages secondaires sont détruits à l’image du petit ami de Mina qui est remplacé par le cliché de l’intello respectant les filles comme des gentes dames ou la grand-mère qui se révèle être puérile et méchante. Conscients du choix de prendre comme fil rouge les moments phares de la vie de Lou, il n’y a aucune affection envers la jeune fille interprétée par Lola Lasseron qui n’est plus qu’une fille déprimée à l’image du ton trop dramatique collé au film non en adéquation avec l’oeuvre originale encore une fois qui ne laisse à aucun moment la place au rire (désolé, les quelques blagues ne sont pas drôles et le ton du film non plus).
Difficile est le constat de reconnaître à quel point Julien Neel est passé à côté de son propre univers. L’œil non trop avisé du spectateur saura percevoir les autres défauts, au-delà de l’affreuse adaptation et du mauvais casting qui ressemble plus à une série B de Disney Channel (les jeunes jouent très mal mais on leur pardonne. Comme par exemple, le décor si fabriqué dont l’esthétique artificielle cherche à nous éloigner du réel, nous révèle un important problème du hors-champ où chaque plan, chaque cadrage nous montre un espace trop façonné pour qu’on s’y plonge. L’impression est telle qu’on a la constante lucidité d’avoir en face de nous une scène enregistrée par une caméra et non une vraie histoire devant nos yeux. Sans oublier le rythme étrangement statique, doublé de scènes surréalistes et gênantes, qui éloignera l’audience fatiguée d’assister à un tel spectacle dont les quelques séquences animées nous écarteront encore plus du réel et du film.
Lou ! Journal infime est un fourre-tout qui n’est que le début d’un gâchis d’une oeuvre aussi fraîche que l’était la bande dessinée Lou ! puisque l’auteur a ensuite décidé de totalement dénaturaliser son oeuvre par l’intermédiaire de ces faibles nouveaux tomes (6 à 8) et valide l’hypothèse qu’il n’a lui-même pas compris l’être de ce qu’il avait créé. On peut crier à l’arnaque ou être complètement déçu de ce qu’est devenu Julien Neel et son oeuvre, cependant on ne peut pas oublier de dire qu’il est le seul créateur et le seul décisionnaire, qu’importe ces idées.
Le seul point positif de ce long métrage est de constater qu’il n’aura pas de suite au vu de sa faible rentabilité. La seconde catastrophe est évitée. Lou ! Journal infime est un film non fidèle, excepté pour son aspect visuel correspondant à la bande dessinée (l’appartement intérieur et extérieur), et médiocre par la même occasion.
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