Le film s'ouvre de façon élégiaque, on suit un petit garçon cajun sur une barque accompagné de Jojo son raton-laveur dans les Bayous de la Louisiane. On s'enfonce avec lui au fil de l'eau bercé par un rythme lancinant dans ce milieu mystérieux, sauvage, plein de vie et somptueux (la photographie est juste renversante).
Ce cadre enchanteur, magique va cependant être perturbé par l'arrivée d'ouvriers d'une compagnie pétrolière qui arrivent en ces lieux pour implanter un derrick.
Dans Louisiana Story comme dans Nanouk, et comme je pense dans tous les films de Flaherty, c'est le cas dans The Land dont je dirai 2 mots après, il est question de la relation, plus que la confrontation d'ailleurs, qui se noue entre l'homme et la nature. L'action de l'homme sur son environnement, sa façon de se l'approprier, de le domestiquer pour assurer sa survie. Mais également les conséquences engendrées sur ce milieu. Mais le regard n'est jamais noir, jamais dénonciateur ni réellement critique. Flaherty est un grand humaniste et il aime tout ce qu'il filme. Il filme pour essayer de comprendre et cherche à capter la beauté où qu'elle se trouve. Et elle peut être aussi bien sur une branche d'arbre qui affleure la rivière, sur les écailles d'un alligator, sur le visage d'un petit garçon que sur un derrick en action. La différence vient uniquement de la perception des choses.
Flaherty filme comme un poète et le discours n'est que celui des images qu'il capte ou met en scène.
Quand il filme le derrick et toute la mécanique qui va avec, il ne le filme pas comme un démon qui arrive pour détruire ce petit coin de paradis mais comme un changement : physique, rythmique et sensoriel. Il en fait un personnage à part entière qui lui aussi, comme les hommes, comme les animaux ou les arbres, évolue dans un milieu et agit sur celui-ci.
Car il y a aussi l'idée de passage, de traversée, de marquer temporairement ou durablement un espace chez Flaherty. Que ce passage soit souple et délicat comme ce garçon sur sa barque ou plus tumultueux comme les bateaux emmenant le derrick, les choses arrivent puis s'en vont. Même si entre temps, la trace laissée est plus ou moins importante.
Teklow13
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le 13 févr. 2012

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