Comme à son habitude, Gaspar Noé est venu secouer Canne avec son dernier long-métrage. Difficile donc de voir Love sans en avoir entendu parler, en mal ou en bien. Ce qui est sûr, comme à son accoutumé, le réalisateur est venu chambouler, encore, ses spectateurs.


Que retenir donc de Love.


On le savait, les bandes annonces l'avaient annoncés, le sexe est largement présent dans le film, il est en un élément incontournable. De là à dire qu'il n'y a que ça, c'est un pas que je ne franchirai pas.
Impossible de filmer la romance d'un couple, son intimité sans passer par l'acte sexuel. Noé ne film pas le sexe dans l'intention de venir susciter une excitation chez son spectateur. Les séquences de sexes sont filmées avec délicatesses, à grand renfort de plans larges dotés d'une réelle beauté et d'une lumière du plus bel effet.

On trouvera à redire quand au plan d'éjaculation il est vrai. Avec un peu de connaissance sur le réalisateur, on se doute bien qu'il a du se marrer le con, c'est sûr. Outre le simple gag, il est à mon sens tout de dommage de venir casser l'intensité de sa scène par ce plan qui n'était nullement obligatoire. Mais pourquoi pas, c'est un choix qui ne choque pas tant au final.


Passer cet aspect de Love, il y a plus à redire sur l'affinité du couple portée à l'écran. Les deux acteurs ne sont pas foncièrement mauvais, loin de là, il leur manque juste cette petite chose à l'écran. Ce petit plus qui nous fait croire qu'ils sont réellement unies. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, un blocage. Les yeux de Karl Glusman n'ont pas cette chaleur, cette petite lumière. Il est pourtant des deux le seul acteur pro'.
Dommage lorsque l'on veut filmer un couple amoureux.


Le montage de son côté, est un point fort indéniable du film. Intelligent et à propos pour ce genre de récit, entrecoupé de flash back, nous faisant suivre les souvenirs du personnage principal, sans toujours suivre le même schémas. Ça va, ça vient. Il est question de mémoire, et cette dernière n'est pas toujours logique.
Petite mention aussi pour les cuts avec ses écrans noirs de deux secondes. Le rythme qui s'en suit est assez plaisant.


Formellement donc, Love s'en tire au final plutôt bien donc, et on pouvait s'y attendre venant de Noé, le bougre n'étant pas un manchot quand il s'agit de filmer.


C'est donc sur le fond que j'ai eu un problème avec le film. Ok la volonté affichée Gaspar Noé de proposer un film romancé avec du sexe n'est pas idiot, mais n'est pas une première pour autant, et je trouve d'autant plus dommage de venir le rappeler dans le film. Sans spoiler la scène, les intentions du réalisateur avec ce film nous sont clairement énoncées, le pourquoi du comment. A moins de prendre son spectateur pour un débile profond ou de vouloir se justifier à outrance, une telle séquence n'était pas obligatoire à mon sens.
Le film souffre aussi de certaines longueurs, surtout vers la fin du film où l'on se dit, que clairement, certaines scènes méritaient d'être coupées.


Love n'est donc pas un mauvais film, on retrouve à nouveau la patte de Noé qui n'est pas pour me déplaire, mais il est ce qu'il est, un film d'amour avec du sexe, point barre. C'est beau, la bande son est de bon goût, mais j'ai du mal à croire en l'amour de ce couple.

Sasha_R
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le 21 déc. 2015

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