Love est comme le dernier Larry Clarke ou le dernier Lars Von Trier : Noé n'arrive pas à ne pas parler de lui dans son film, à ne pas s'excuser, à ne pas tenter de ne pas déjouer la critique. Comme si on allait reprocher au film le personnage du réal', quoi qu'il arrive. Vrai ? peut-être… Prétentieux ? c'est certain.


Du coup bien sûr on tombe dans le méta sans fin. Métaphore de la production du film par la procréation, métaphore de l'égo du réalisateur, au point d'appeler les personnages par son nom. Pourquoi cet affichage à outrance ? Parce qu'il s'agit d'un film d'égo avant tout, ça se serait vu, alors : «J'assume». Du coup on plonge dans une rhétorique lassante, qui renvoie en permanence hors de l'écran, hors du film, avec une pseudo-ironie, qui ne sonne que comme une excuse.


Le paroxisme de cette logique, c'est l'enfonçage de porte-ouverte sur la représentation du sexe. Cette façon de clamer haut et fort qu'il va transgresser les règles imposées par la société de la censure et surpasser le genre du porno. Sérieux ? Pour la transgression, vu les milliard d'heures de porno que tout le monde regarde sur le net (sauf toi et moi, bien sûr), on repassera. Et ce n'est pas non plus le premier film à représenter les organes génitaux et la pénétration sur un écran de cinéma : Enter the Void le faisait déjà, Chiche ou LVT aussi, beaucoup plus discrets, L'inconnu du Lac ou Too much Pussy n'en faisait même pas un argument de vente.


Par contre ces scènes de sexes sont très réussies. Le fait de montrer librement, fait que les codes de l'érotisme au cinéma tombent et donc on retrouve des scènes beaucoup plus intimes, beaucoup plus tendres, car plus réelles, moins forcées, moins codifiées. Puis quand l'amour tombe, l'esthétisation du sexe revient, les codes aussi, on passe du plaisirs charnel au sexe médiatisé. Couplé à l'atmosphère planante, bien au fond de la tête du héro, avec la vie «réelle» en bruit de fond, l'ambiance marche très bien.


En fait Noé s'en sort grâce à sa maestria et ce qui marche dans ce film est tout simplement la suite de Enter the Void, tout le reste, c'est du vent. Comme Clarke, comme LVT, il passe la moitié du film à s'excuser de refaire le même film qu'avant… pourtant il était bien ce film. Est-ce si grave d'avoir un style ?


Note sur la 3D : J'ai vu le film en 2D et le film est très clairement fait pour la 3D (personnages flottants, lumières, etc.) et pas que pour l'éjac' dans ta face. Du coup je m'imagine à peu près ce qu'il voulait faire, donner une vrai matérialité très rélle avec des flottement plus oniriques dans la perspective (contrairement à enter the void qui jouait de l'esthétique des effets spéciaux). Et du coup le qualité de l'image en 2D est juste dégueulasse… !

Étienne_B
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le 16 août 2015

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Étienne_B

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