Une bite ne pense pas, mais elle donne à penser

Love est à l'image de la relation qu'il dépeint entre ses deux personnages principaux, Murphy et Electra. À la fois détestable et fascinant, caricatural et inspirant, lent et tumultueux.


S'il est vrai que plusieurs choses peuvent être reprochées au film, comme sa (relative) lenteur (relative, car cette lenteur est délibérée et due à un processus de narration pensé comme tel), sa longueur, ses personnages caricaturaux et à la limite de l'agaçant,ses multiples scènes de sexe qui peuvent perdre de leur intérêt tant elles sont nombreuses, ou encore le côté égocentrique et ringard de Gaspar Noé dans son film ,Love reste toutefois une œuvre de qualité. Je m'explique.


Dans ce film, nous suivons donc Murphy qui, à l'écoute d'un message vocal laissé par la mère de son ex-copine le premier jour de l'an (symbole du nouveau, de l'orientation vers le futur, les résolutions...) se retrouve plongé dans ses souvenirs, remords et pensées les plus intimes et personnelles, qui se manifestent au travers d'une valse de flashbacks, dans le désordre le plus complet. Au fil des pas de cette danse saccadée, nous rassemblons donc les morceaux du puzzle éparpillé de la vie sentimentale passée et présente de Murphy.


Là où, selon moi, réside la vrai force du film, c'est d'offrir pendant cette introspection du personnage, la possibilité et le temps au spectateur de réaliser un exercice similaire. En effet, une fois la surprise de regarder en gros plan un phallus à l'écran, on se surprend à penser à autre chose, durant les longs ébats des protagonistes. Un peu comme dans la réalité: pendant l'acte, alors que le corps est dévoué à l'union avec le/la/les partenaire(s), l'esprit lui, poursuit souvent sa route vers des territoires parfois forts éloignés de l'instant. Il en va de même devant Love: une fois la gêne du début dissimulée, une fois que ces corps nus nous sont apprivoisés au fil des explorations de la caméra, le spectateur peut se mettre à réfléchir, afin de ne pas s'ennuyer.


La caméra qui, parlons-en, se montre par moment d'une inventivité et d'une précision appréciables. Toutefois, du point de vue visuel, c'est surtout le sens de la composition et des lumières qui captivera les rétines. Par contre, la 3D semble gratuite et superflue, ne servant qu'à une mince et obsolète poignée d'effets de styles: de la veloute de fumée sortant de l'écran à l'éjaculation tridimensionnelle dans la face du spectateur, en passant par des plans kaléidoscopiques. On se dit donc surtout que Enter the Void aurait été plus réussi en 3D que Love.


Pour finir, il est à noter que la bande-son, en plus d'être bien choisie, est également bien utilisée, oscillant entre le tapis d'ambiance accompagnant délicatement un baiser et la guitare ou techno trans à outrance prenant le pas sur le reste de la scène, l'équilibre est trouvé.


Love n'est pas le meilleur Gaspar Noé. Mais il inaugure peut-être le meilleur à venir, à la croisée de tout ce qui a été fait jusqu'à présent par ce cher monsieur.

TheMyopist
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Marre des Happy endings ? Voici des films qui ne font pas de cadeaux

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le 19 août 2015

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