Gaspar no way
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le 23 juil. 2015
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Après le grand drame psychédélique et très niais qu'était Enter the Void, Gaspar creuse dans un sillon désagréable qui est celui du mélo crillard et expose une nouvelle fois de plus ses plus grandes obsessions, à savoir :
Bref, tout cela est bien pesant, et tout le début du film avec l’insupportable voix off explicative est un repoussoir évident. La suite s'égraine comme le faisait Irréversible, à avoir raconter une histoire à l'envers en prétextant des passages de vie qui reviennent à l'esprit pour nous donner une impression de complexité. Pourquoi pas, à ce stade là je voulais surtout faire cesser les voix-off.
Le problème qui surgit avec un tel film, c'est la façon de filmer les étreintes. Elles sont programmatiques, elles sont déjà dans le discours et Noé ne peut s'empêcher de faire parler son film pour tout et pour rien. Son film est bavard, tourné en anglais pour satisfaire ce héros amerloc (le film s'en amuse légèrement au moins), et c'est bien dommage. Parce qu'en français, Noé aurait sans doute coupé beaucoup de texte puisqu'il raconte des inepties assez lourdes, quand il ne se prend pas carrément pour un philosophe.
Si on oublie dans la première partie du film nombre de moments gênants ou le couple (très idéaliste) s'engueule, la rencontre avec leur voisine, et le passage à l'acte redonne un souffle conséquent pour la suite.
Il faut dire que la B.O, très présente, est (presque) un sans faute. Même si elle sent un peu l'auteurisme moyen (rependre tout Satie), il y a de tout, et cela colle souvent très bien. La scène de sexe à 3 par exemple - la plus longue - est une bon exemple.
La 3D mets en valeur les corps, ce que Noé ne fait finalement que filmer. Il manque dans ses films - désespérément - autre chose que des personnages. Il ne filme jamais autre chose. Ici ce principe est comme fleuri, bizarrement, l'effort sur l'éclairage rend presque un hommage à la photographie de manière générale, tant c'est le portrait, le buste et le corps qui sont loués. Un muséum des peaux fondues dans le rouge des appartements. Bien sûr, il faudrait aussi songer à lui dire que l'on peut faire de très gros plans, et pas que des larges, qu'il peut s'intéresser à des détails pour mieux nous raconter une scène... tout cela viendra peut-être...
C'est en fait un manque de maturité psychique qui la fout mal, un esprit très premier degré et une certain idée très réductrice de l'amour qui fait de Love un rendez-vous manqué, tel son héros - "cette tête de bite" - qui est tout sauf un personnage intéressant. Cette histoire de couple plus niais qu'autre chose au début, qui se déchire avec les "trahisons" habituelles des sitcoms et se sépare en larmes est plus que décevante. Encore une fois avec son dernier métrage, Noé piétine sur les mêmes problèmes et ne livre qu'un froid constat de la vie à deux, dont le seul but semble être pondre des marmots.
Mais... mais d'un autre côté, l'expérience Noé ne serait pas totalement à jetée car il y a heureusement des choses qui tranchent avec ses précédents films : Noé filme des extérieurs, il filme même des extérieurs de jour ! WOW, et basant l'intrigue à Paris, il prend le temps de donner à voir des lieux dans ses films qui - mille merci - ne sont pas floutés. Il choisit d'ailleurs des dessous de ponts, entre le 13ème et Barbès pour tourner, ou encore à la fin dans le superbe parc des Buttes-chaumont et ses cascades et ses grottes. L'apogée du film, c'est tout comme Irréversible, le fameux "c'était mieux avant la maison-prison", se sont les ballades tranquilles entre les deux futurs amoureux.
Et le plus beau moment encore une fois, après un petit moment d'incertitude, c'est le final qui est magnifique.
Bilan : l’atmosphère générale du film est inoubliable, le propos que Noé s'acharne à nous dire est tout simplement mauvais. Je retiens bien d'avantage son imagerie assez unique dans le cinéma français.
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Créée
le 8 mai 2016
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