Je regarde presque jamais des comédies romantiques, et pourtant dans le principe, je suis pas contre. Tant que c'est un film bien fait, et pas trop niais. J'avais bien envie de tenter Love actually un jour, un film apparrement devenu une référence du genre. Je ne sais pas si c’est en raison de choses que j’ai lues ou entendues, ou si je me suis leurré tout seul, mais j’avais l’impression que c’était un film qui se démarquait des comédies romantiques habituelles.

Et pourtant, dès l’introduction de Love actually, je me suis dit "oh putain, ça va être putain de cucul". Le narrateur raconte que quand il est déprimé, il pense au hall d’arrivée de l’aéroport d’Heathrow, et aux retrouvailles des gens là-bas.
On essaie quand même de nous faire croire que le film n’est pas trop niais ou puritain en incluant de la crudité purement contemporaine censée donner une nouvelle jeunesse au genre du film romantique : jurons et allusions sexuels, qui ne sont pourtant qu’une façade.
Love actually reste très léger, très soft, et très niais. La musique ne trompe pas, elle est terriblement cucul, et apparaît à chaque moment où l’on essaie d’instaurer un semblant d’émotion. Ca ne marche pas, mais la musique est utilisée ici comme si ça allait comme par magie rendre n’importe quelle scène touchante.

Dans ce film, tout le monde est beau, gentil, attentionné, … ça en devient vite irréaliste.
Tous sont aussi réunis par le thème de l’amour, sous toutes ses formes. Et d’ailleurs, faut croire que l’histoire de l’abruti qui pense qu’il est célibataire parce que les femmes anglaises n’ont pas d’humour, et qui veut aller aux USA pour baiser des dames qui seront séduites par son accent, c’est une histoire d’amour aussi.
Dans une des intrigues, Liam Neeson joue un homme qui vient de perdre sa femme. Il s’inquiète pour son fils, qui n’est pas dans son assiette, et qui a un problème à confier. Là j’ai vu le truc venir, "oh non, il va pas aussi parler d’amour lui…", eh bien si. D’ailleurs, il n’a que 11 ans mais en parle dans un langage soutenu, avec ce qui apparaît clairement comme les mots du scénariste, c’est n’importe quoi.

D’habitude, quand on dit d’une comédie qu’elle n’est pas drôle, ça sonne comme un reproche : ce n’est pas drôle parce que c’est trop con, ou trop lourd, etc. Des raisons de ne pas rire qui ont tendance à plus ou moins énerver également. Love actually fait partie de ces cas particuliers où l’on n’a ni envie de rire ni d’être énervé parce que ce n’est pas drôle. Les gags du film n’ont simplement provoqué en moi aucune réaction, positive ou négative. Je suis conscient de la présence d’un gag dans telle ou telle scène, mais c’est simplement pas drôle.

Ce qui m’a énervé par contre, c’est la bêtise de certaines situations.
On assiste à un tournage de film porno où les acteurs retardent le moment du déshabillage pour pouvoir discuter. C’est leur métier, de se déshabiller, et pourtant on dirait qu’ils ont l’air d’appréhender la scène qu’ils vont tourner ensemble avec timidité ; en plus ce ne sont pas des acteurs amateurs, le tournage est visiblement haut de gamme.
Dans Love actually, on peut aussi voir Hugh Grant en premier ministre. C’est déjà n’importe quoi, mais en plus de ça il joue un premier ministre à l’esprit jeune, qui fait des blagues de merde devant d’autres hommes politiques importants et face à la presse.
D’ailleurs, la scène la plus horrible, c’est lorsqu’il est en conférence de presse et prétend que les relations avec le président des Etats-Unis se sont envenimées, simplement parce que ce dernier a dragué sa secrétaire. Il met en jeu le sort de plusieurs pays pour une femme dont il n’est pas si proche que ça. Le pire, c’est qu’on a durant cette scène une musique qui veut en faire un moment d’héroïsme, alors que c’est pitoyable.
C’est carrément révoltant de connerie.
Je savais que je n’allais pas survivre aux 2h10 du film, mais je me suis arrêté quand la femme de ménage portugaise qui ne comprend pas un mot de ce que dit son employeur, et vice-versa, se déshabille pour récupérer le manuscrit du type sous ses yeux ébahis. En gros plan, la caméra s’attarde plusieurs fois sur le corps de l’actrice, avec une insistance horrible.

J’avais envie de savoir si Alan Rickman le grincheux allait répondre aux avances de sa secrétaire, alors j’ai lu la fiche Wikipedia, mais je n’ai pas eu ma réponse. Tant pis, j’ai arrêté le film quand même, ce n’est pas une si grande perte.
Sans voir la fin, je me doutais qu’il y aurait un happy end pour tout le monde. Bon, en fait j’ai checké sur la page Wiki, et en allant vers la fin du film… bah oui, tout le monde est en couple, tout le monde est heureux, et tout le monde se retrouve au même endroit, l’aéroport du début.

Ah oui, quelle comédie romantique originale ! Quelle belle représentation des rapports amoureux !
Tout ce qu’il y a de bien dans ce film, ce sont les scènes où Bill Nighy joue une ex-star de la chanson sur le déclin, qui fait une reprise d’une de ses vieilles chansons, et la démolit en live sur une émission de radio.
"Kids, don’t buy drugs… become a pop star and they’ll give you them for free". Excellent, ça.

EDIT : Bon, en fait j'ai relancé le film pour voir une scène en plus avec Billy Mack. Je suis tombé par hasard sur le reste d'une scène que j'avais juste parcourue, celle où l'anglais se retrouve avec trois américaines qui l'adorent sur le champ juste en raison de sa nationalité. Je n'en dis pas plus, mais c'est sûrement la scène la plus conne du film.
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le 15 févr. 2013

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