Petits commérages entre amies

Difficile de croire que Jane Austen est décédée depuis longtemps alors qu’on a l’impression de voir fleurir une nouvelle adaptation de ses œuvres chaque année, comme si elle continuait à produire encore et encore ses œuvre truculentes.
Quand on apprécie le genre, c’est un délice de replonger régulièrement dans son univers.

Love and friendship tente toutefois de jouer la carte de l’originalité en faisant une présentation très exagérée de chaque personnage, et en essayant de faire passer à travers l’écran l’humour piquant typiquement Austenien.
Suzann est un personnage tout à fait antipathique et pourtant c’est avec ce genre de femme que l’histoire peut se mettre en place.

Comment ne pas sourire devant la mauvaise foi évidente dont elle fait preuve quand elle disserte avec sa meilleure amie? Leurs échanges sont toujours de bons moments au détour desquels on découvre à quel point certaines femmes peuvent être de savantes calculatrices et manipulatrices.

C’est plaisant, malheureusement le film ne dépasse jamais ce stade: les costumes et l’ambiance font de timides apparitions, et on a bien du mal à s’attacher aux personnages.
C’est que pour une fois l’héroïne n’est pas l’oie blanche à qui on prédit un destin plus rose en fin de métrage, et du coup tout tourne autour de son bourreau de mère sans jamais vraiment lui donner l’occasion de nous séduire.
Suivre la méchante de service aurait pourtant pu rendre l’exercice plus exaltant, mais c’est comme si cette satanée Suzanne prennait son élan en permanence sans jamais se lancer pleinement, nous laissant dans l’expectative. On sait que c’est elle qui rythme l’histoire, mais c’est comme si on la laissait toujours un peu en retrait, et du coup elle ne prend pas l’ampleur dont on la sent capable.

Le film ne dépasse pas le niveau de la comédie simpliste enrubannée de belles tenues et de dialogues démodés. C’est agréable, mais pas mémorable.