Love Steaks
6.1
Love Steaks

Film de Jakob Lass (2013)

Chassez le naturel, il revient au goulot

Impossible de vous parler de Love Steaks sans évoquer Outbuster, qui m'a permis de découvrir ce film, aux côté de Flickering Lights, Healing, ou Rigor Mortis, dans le cadre d'une première semaine de beta-test fort agréable en terme de découvertes exotiques: du cinéma danois, de l'australien, du chinois ou de l'allemand comme ici, le tout avec un esprit plutôt agréable (j'aime particulièrement la rubrique "pourquoi ?" et "pourquoi pas ?" qui accompagne chaque fiche) et une ergonomie assez bonnarde. Une affaire à suivre.


Love Steaks, c'est d'abord un titre plutôt étrange quand on réalise qu'un de ses deux protagonistes principaux est végétarien. Le film est donc le premier de son genre suivant le principe Fogma (oui, on en a compris l'inspiration) dont une bonne explication pourra se trouver ici. Typiquement le genre d'entreprise casse-gueule dont le résultat est autant intrinsèquement lié au charme qu'au talent de ses acteurs (au sens large) et leur capacité d'alchimie. Cette dernière doit non seulement opérer entre eux mais autour d'eux. Et c'est à ce petit miracle d'équilibre que parvient le film de Jakob Lass.


Car on entre rapidement dans le coursives de cet hôtel sublimement impersonnel, et l'impression d'avoir été soi-même embauché dans cet univers clos contribue sans aucun doute très efficacement dans notre processus d'identification à une histoire d'amour hors norme qui se tisse entre un masseur en période d'essais et une commis de cuisine un peu trop accro à la bouteille. Un récit d'oppositions et de contraires qui se mêlent avec un certain bonheur et une vraie complicité, que l'adoption du principe énoncé plus haut permet parfaitement.


Le charme de cette probabilité du réel nous fait en oublier ses petites entorses (une telle liberté de dékonade dans une cuisine allemande ? Unglaublich !), ce genre de détails ne pesant pas bien lourd face la tourmente émotionnelle dont Clemens et Lara sont les douces victimes. Les deux employés s'aiment sans le dire, se déchirent sans se blesser sérieusement, et s'affrontent avant tout pour tromper l'ennui. Le jeu dicte leurs défis. Pourra-t-il ne plus avoir peur ? Pourra-t-elle cesser de boire? Leur idylle aura-t-elle une prolongation hors des murs aseptisés et contrôlés de leurs activités professionnelles, dans lesquelles ils ne cessent l'un et l'autre de remuer un peu tristement des chairs qui ne sont pas les leurs ?


Est-ce un jeu ? Est-ce l'amour ? Est-ce la vie ? C'est quand on se rend compte qu'un hôtel allemand en bord de mer existe réellement qu'on doit se rendre à l'évidence: dans ce monde tout est finalement possible et cette relation amoureuse est sans aucun doute bien plus tangible que bien des choses auxquelles nous somme confrontés quotidiennement. Un charme réel en plus.
Alors si vous êtes curieux de savoir comment peuvent se marier un massage Hawaïen et un purée de patates douces, ou si vous voulez connaitre le principe d'une fellation inversée, il ne vous reste plus qu'à vous faire embaucher à votre tour, et choisir votre propre plan de travail: planche à découper ou table de massage.
A moins que vous ne préfériez finalement la plage grise et ses rites étranges.

Créée

le 15 mai 2016

Critique lue 1.2K fois

29 j'aime

8 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

29
8

D'autres avis sur Love Steaks

Love Steaks
guyness
7

Chassez le naturel, il revient au goulot

Impossible de vous parler de Love Steaks sans évoquer Outbuster, qui m'a permis de découvrir ce film, aux côté de Flickering Lights, Healing, ou Rigor Mortis, dans le cadre d'une première semaine de...

le 15 mai 2016

29 j'aime

8

Love Steaks
CORPS-ANTI
7

Tré bi1

Introduction à un tout nouveau style mumblecore, Love Steaks est le premier long-métrage de l'allemand Jakob Lass, filmé dans un véritable hôtel, fourni de son personnel le plus non-professionnel...

le 14 nov. 2014

14 j'aime

Love Steaks
RENGER
2

Je suis resté totalement hermétique au film

Love Steaks (2013) est un film allemand à petit budget, dont les 3/4 des acteurs ne sont pas professionnels. Le film narre l’histoire de deux individus diamétralement opposés mais qui pourtant, à...

le 11 mai 2020

1 j'aime

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

314 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

296 j'aime

141