C'est pas possible...
Non, sérieusement, à ce stade, il doit y avoir une clause dans les contrats concernant les adaptations de BD franco-belges qui dit que l'adaptation doit être au moins un peu foirée. Et seul Alain Chabat y a à ce jour échappé avec son Mission Cléopâtre, là. Même Jérôme Salle s'est senti obligé de saloper un peu la BD Largo Winch avec son film qui n'est pourtant pas si mal...

Mais là...
J'aimerais en fait qu'on m'explique où est l'adaptation exactement !!! Ce truc informe n'a de Lucky Luke que son titre, les noms et looks des personnages, et quelques vagues références de temps en temps. Au-delà de ça, il n'y a RIEN !
Je soupçonne que quelqu'un a en fait écrit le scénario d'un western hyper basique sans prétention et que le studio s'est dit que ce n'était pas bankable. Jusqu'à ce qu'un obscur petit crétin jamais à l'abri d'une connerie balance un truc du genre :

- Hé, les mecs, c'est un western, hein ? Bah, on achète la licence Lucky Luke et on la balance là-dedans, ça attirera du monde, non ? Elle est pas bonne, mon idée, dites, dites ??

Si ce type a existé, ne me le présentez pas, j'aurais envie de lui coller des rafales de baffes en lui demandant si il pouvait pas la fermer ce jour-là. Parce qu'on a clairement fait entrer la licence à coups de forceps !
Vous connaissez la BD ? OUBLIEZ-LA !

Sérieusement, c'est le seul moyen de voir un peu d'intérêt dans ce machin, tant le côté adaptation est nullissime et le côté western suffisamment sympa pour qui n'est pas un gros amateur du genre.
Au fait, oubliez aussi la mention « comédie ». Oui, autant la BD est drôle, autant ce truc immonde ne l'est absolument pas ! C'est à peine si j'ai souri une ou deux fois, tant le niveau est bas. Sans même parler des personnages...

Jean Dujardin est convaincant, mais son personnage n'a RIEN À VOIR avec Lucky Luke !
Vous voyez le cow boy nonchalant, chaleureux, qui aime rigoler ? Oui ? Oubliez. Ici, vous aurez droit à un personnage sombre, torturé par le meurtre de ses parents, froid, cynique, et pas loin d'être totalement barge.
Ah oui... J'ai bien dit « torturé par le meurtre de ses parents », hein, pas la peine de relire. Parce que oui, pour bien faire, il fallait situer le personnage, ce que Morris et Goscinny n'ont JAMAIS osé faire. Vous assisterez donc au meurtre des parents de John Luke, dont il ne s'est jamais remis, et d'où vient sa volonté de ne jamais tuer (merci à Batman pour l'idée au passage, d'ailleurs, hein).

Ah, le nom vous pose problème ?
Oui, le scénariste débile s'est dit que Luke était le nom de famille et qu'il lui fallait donc un prénom... Mais bon sang, Lucky Luke, ça veut dire Luke le Chanceux, c'est donc un nom de famille qui lui manque !! Et puis, c'est quoi, ça, John Luke ? Pourquoi pas Jean-Luc, tant qu'on y est ? Ah, désolé, ça donne ça si on francise, en fait...

Pour en rester aux personnages, si Daniel Prévost compose physiquement un très bon pat Poker, il est totalement inexistant côté jeu ! Plat, nul, sans intérêt. Calamity Jane et Jesse James débarquent de nulle part, de vrais deus ex machina. Mais le pire reste bien de voir un Jesse totalement hystérique et ridicule !! Sylvie Testud en Calamiy Jane et Michaël Youn en Billy the Kid sont heureusement enfin assez fidèles (bon, Youn est un peu surexcité, mais c'est déjà plus proche de son personnage que n'importe qui parmi tous les autres...).

Bref, ça part fort, la suite ne sera pas mieux, on égrène les clichés du western sans aucun humour, en enchaînant les références culturelles qui n'ont aucun effet, et les quelques références à à la BD qui font plaisir quand même (la diligence de Painful Gulch, le passage éclair du Dr Doxey, même s'ils ont réussi à le foirer, tout comme Phil Defer qui devient un vrai robot à des lieurs de l'inspiration du perso, à savoir Lee Van Cleef, le coup de faire sauter une rangée de chapeaux d'une balle, un passage de Dick Digger, les billets qui deviennent des pièces quand Luke tire dessus, etc...).

Au final, Lucky Luke n'est finalement qu'un western poussif où personne s'est foulé et sur lequel on a plaqué une adaptation à la truelle en oubliant tout l'esprit de la franchise au passage.
Bilan ? Une belle casserole dans la carrière de tout le monde, qui ne fait honneur ni au cinéma français, ni à Lucky Luke, ni au western.

Et si on terminait avec LA grosse idée WTF ? Oui ? Ah, c'est pour que j'abrège ? Ok.
Donc, vous devez savoir que, dans la BD, Jolly Jumper a parfois de beaux élans d'humour et de cynisme à travers ses réflexions. En revanche, il ne converse jamais avec Luke, qui ne semble clairement pas le comprendre (et heureusement).

Hé bien, ici, après pas mal de temps de film, il se met à parler du jour au lendemain, Lucky Luke le comprend parfaitement et, comme si ça suffisait pas, c'est NUL !!! Aucun humour, aucune réflexion bien sentie, RIEN ! Juste un sidekick débile qui enchaîne les âneries !

Un massacre de plus à mettre à la liste...
Je ne vais pas m'apesantir sur le scénario qui repompe sans vergogne Nevada Smith, et sur la BO qui récupère (en la massacrant, sinon, c'est pas drôle) la célèbre chanson issue de Le Train sifflera Trois Fois.

Alors, pourquoi 4 ?
Pour les quelques bons points cités plus haut, et parce qu'on a échappé aux sempiternels Dalton sur ce coup-là.

Quand je pense qu'au générique, on nous dit « En hommage à Morris & Goscinny »...
À mon avis, ils ont surtout dû mourir une seconde fois en voyant ça (enfin, pour Goscinny, beaucoup plus, avec Astérix et Iznogoud qui ont précédé...).
Lonewolf
4
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le 30 avr. 2012

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Lonewolf

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