Si un jour on m'avait dit que Luc Besson ne tournerait plus qu'avec des acteurs américains et dans la langue de Shakespeare, j'aurais été sceptique.

Si à l'époque de sa période Woody Allen et de ses autres films bobos, on m'avait dit que Scarlett Johansson allait faire un grand virage dans l'univers geek pour devenir la nouvelle Angie, j'aurais éclaté de rire.

Et pourtant...

Ce qui est décidément bien avec le cinéma, c'est que l'on est jamais au bout de nos surprises.

Luc Besson, ici scénariste et réalisateur, est un petit joueur. Pourquoi implanter un seul sachet de drogue dans le ventre de Lucy, alors que lui en fourrer deux dans chaque seins aurait été bien plus fun et inattendu ? Sinon, c'est sûr que le scénario est un peu léger au vu des 1 h 22 de bobine, mais reconnaissais tout de même que le pitch de départ ne manque pas d'originalité. C'est surtout les états d'âmes de l'héroïne qui auraient mérité d'être davantage approfondis, afin de mieux comprendre toute l'étendu de sa souffrance intérieure.

La poursuite à Paris est plutôt bien fichue, même si quelques voitures "s'envolent" un peu facilement. D'ailleurs, durant tout le film, les incohérences sont nombreuses et parfois très grosses (Lucy qui pousse brusquement le policier du côté conducteur au côté passager, comme s'il n'y avait pas de boîte de vitesse entre les deux sièges). Mais on pardonne cela d'autant plus aisément que l'on s'amuse énormément, avec toutes ces bastons, fusillades jouissives et autres ralentis badass. Comme nous le dit si bien la publicité du fromage Saint Albray, les meilleures choses dans la vie sont les plus simples. C'est parfois la même chose dans le cinéma de divertissement.

Il y a du bon et du moins bon (la scène de l'avion) parmi les effets spéciaux, mais ce n'est pas trop mal dans l'ensemble, surtout avec les moyens limités dont dispose le réalisateur français. De plus, l'image est superbe et la photographie lumineuse fait un bien fou aux yeux.

En fin de compte, Lucy n'est pas la daube abyssale qu'on voudrait bien nous faire croire et ne mérite clairement pas ce déferlement de mauvaise foi gratuite. C'est un divertissement sympa, léger, bien rythmé et qui fait passer un excellent moment. Ça aurait pu être bien mieux, plus ambitieux (notamment pour le propos métaphysique, qui est ici timidement effleuré), mais au fond ce n'est pas bien grave. Luc Besson ne sera jamais Christopher Nolan, on savait donc à quoi s'attendre.

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le 11 mars 2015

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