Vivre à Bogotá et voir, dans le cadre du festival du film français, un film tourné dans sa région... cela rend nostalgique, c'est certain. Mais n'allez pas croire que cette nostalgie triple ma subjectivité face à la beauté qu'est "Lulu femme nue".
Comme souvent, c'est le casting qui m'a attirée. Et c'est vrai que je suis une grande, très grande admiratrice de Karin Viard. Certes. Mais alors là, ce sont la stupeur et l'envoûtement qui m'ont saisie du début à la fin. Quel talent ! Karin Viard, superbe, étonnante ! Elle est parvenue à donner vie aux tristesses faciales du personnage de Lulu dans la BD, tout en étant fidèle à ce jeu qui lui est si propre. Les émotions qu'elle transmet transcendent sa beauté, de plus en plus surprenante dans les films qu'elle nous livre...
Autre perle du casting : Claude Gensac, dans le rôle d'une Marthe touchante. Une révélation pour moi. Cette femme, ce personnage si singulier, m'a rappelé une personne chère, et surtout c'est sa sensibilité qui me reste en mémoire.
Une femme qui s'absente, une femme qui s'éloigne pour quelques jours, sans l'avoir prévu, fatiguée d'un mari qui la violente psychologiquement chaque jour, d'un train-train qu'elle n'a pas choisi, et lasse d'une vie qui la rend de plus en plus triste... alors Lulu part, ou plutot ne revient pas... tombe amoureuse, crie à la vie et découvre les plaisirs quotidiens du jour sans lendemain.
Lulu part, Lulu disparaît pour mieux réapparaître, Lulu se dénude.
Et cette nudité est sublime, derrière la caméra. Elle émeut, tremblante. Elle touche, suffocante. Et elle nous laisse un goût de "pas assez" au bout de la langue, au creux du coeur. Une envie nous immerge alors, comme d'un acte qui nous livrerait davantage de Lulu : lire (ou relire) la BD, et revoir le film...