Aux origines du cinématographe il y avait : une journée de mars 1895 et les portes grandes ouvertes de l'usine Monplaisir ; une vision spectaculaire d'un train arrivant en gare une soirée de décembre de la même année ; deux frères en guise d'éclaireurs transformant l'argentique en véritable photographie animée ; et - entre autres nombreuses choses - des travailleurs, des hommes, femmes et enfants et les rues de Lyon et du monde entier : chantiers, maisons, ports, plages, places ou encore embarcadères, jardins, terrains vagues...
Derniers inventeurs et premiers cinéastes de l'Histoire Louis et Auguste Lumière furent les pionniers du Septième Art : sur un format pellicule dépassant à peine 50 secondes ils écrivirent le mouvement du temps et de l'image sur près de 1500 vues... Le programme proposé par Thierry Frémaux nous en propose un échantillon d'une petite centaine, programme constituant une compilation des meilleures créations des Lumière et de leurs prestigieux opérateurs.
Invention du cinéma, du documentaire et de la fiction, invention de pratiquement tous les ressorts techniques originaux et de nombreux genres : une comédie présentant un chat et une fillette sagace ou un gag mémorable d'arroseur arrosé, des archives historiques présentant l'activité urbaine d'une place new-yorkaise ou le trafic marseillais, un home-movie captant attentivement les premiers pas de bébé, un film musical épousant la danse enjouée de deux enfants, une épopée se déroulant sur les glaciers de Chamonix ou encore un embryon de film de guerre présentant l'entraînement d'une troupe de chasseurs alpins...
Sur 1h30 de spectacle visuel d'une beauté formelle éclatante l'hommage de Frémaux au Cinéma des Lumière propose une découverte pratiquement inédite en salles de leurs films depuis près d'un siècle, mettant en évidence leur intelligence du cadre et sa composition et la pertinence du placement de leur caméra. On retiendra également le talent d'opérateurs relativement méconnus du grand public, principalement la brillance picturale d'Alexandre Promio ou l'audace quasiment extravagante de Gabriel Veyre. Une visite guidée indispensable pour tout cinéphile digne de ce nom, qui se livre telle une initiation miraculeuse à la lecture du Septième Art. Beau, riche et bouleversant.