Ma Loute joue avec les apparences: sous des airs de film pompeux, c’est une pépite lancée dans l’espace et dont le tracé est impossible à prévoir.
Le jeu est au centre de tout: jeu théâtral pour les bourgeois campés par des acteurs dont on redécouvre le talent avec plaisir, jeux multiples sur l’apparence, sur l’exagération, sur la caricature, jeux sonores avec des sons incongrus qui font grincer les bourgeois corsetés et couiner un inspecteur trop rondouillard, avec des dialogues aux accents à couper à la hâche, jeu des images qui nous en mettent plein les yeux, jeu sur le rôle de chacun: qui sont les sauvages de l'histoire?
Ma loute est un joyeux bordel où on se tient toujours en équilibre entre la poésie un peu folle et la bêtise exacerbée.
On est toujours sur le fil du rasoir: à l’image du jeu de certains acteurs qui nous épate puis nous lasse (Juliette Binoche si jamais tu passes par là…), le film plait autant qu’il pourrait déplaire. Il a les qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités.
Et pourtant comment ne pas apprécier le vent de fraîcheur délicatement formolée qui anime ce film?
Pour une fois qu’on sort de la comédie française tant décriée, qu’on nous propose un vrai tableau original, il est difficile de bouder son plaisir. On veut d’autres productions atypiques comme celle-ci, d’autres films capables de nous perdre dans leur fantaisie.