L'Amérique est trop grande pour n'être capable du meilleur comme du pire, mais c'est beau quand elle arrive au premier cas en restant fidèle à elle-même. Ma meilleure ennemie est pour une fois un titre français plutôt bien trouvé, qui contient la dose de romance et d'Ode to my Family (chanson que le mélange astucieux de la musique de Williams avec des chansons préexistantes ne contient pas) du titre original Stepmom, et encore, ce dernier est un peu benêt.


La qualité la plus proéminente du film reste les dialogues, des lignes d'une facture insensée qui vont jusqu'à prendre la peine de donner des lignes aux enfants qui leur conviennent sous tous les angles. Un bel accélérateur de carrière pour leurs interprètes, Jena Malone et Liam Aiken (qu'on retrouvera respectivement dans Hunger Games et Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire). En fait, l'œuvre entière est d'une sensibilité rare pour ce qui est du choix de ses mots et de la place de l'enfant ; ce dernier n'est que rarement réduit à son dénominateur commun de puérilité supposément charmante, et ils conservent leur dignité de petits adultes avec autant de classe que ceux d'une Madame Doubtfire (qui est une comédie pourtant).


Il y a des imperfections, notamment dans le scénario qui carbure au coup de la dernière chance (et que je t'en donne une, et que je t'en donne une autre, qu'ils sont gentils ces Américains !) et se débrouille de ses rebondissements comme d'une patate chaude, espérant que ses conflits assez convenus soient évacués par la quasi-figuration d'Ed Harris entre les géantes Susan Sarandon et Julia Roberts. On ne peut ignorer la collaboration formidable des deux actrices dont l'amitié derrière les caméras se fait tellement ressentir devant elles. Peut-être que c'est à ça que je dois mon impression qu'aucune des deux femmes ne prenait l'ascendant sur l'autre, ne serait-ce que par le poids pragmatique de leur gloire inégale ayant en commun d'être énorme.


Fans de films familiaux bien ficelés, accourez. Fans de films américains, courez. Les fans de films romantiques, on va vous faire marcher. Il n'y a plus de genres quand un film en crée un à lui tout seul par sa réussite.


Quantième Art

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 25 nov. 2018

Critique lue 500 fois

1 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 500 fois

1

D'autres avis sur Ma meilleure ennemie

Ma meilleure ennemie
Monza
7

Stepmom, un film simple et touchant

Film vu il y a bien longtemps, j'étais alors à peine plus âgée que le petit garçon à l'écran, et pourtant je me rappelle si bien à quel point j'avais pu être saisie par l'histoire et les personnages...

le 31 août 2013

7 j'aime

Ma meilleure ennemie
Boubakar
6

Vivre l'avant et préparer l'après.

Déjà, carton rouge au titre français, d'une rare stupidité, qui fait croire à une comédie. Ça raconte comment une femme va tenter de s'imposer auprès des enfants de son compagnon, qui la détestent,...

le 23 oct. 2016

3 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime