C'est donc ça l'ultime film de Steven Soderbergh. Finissant comme il avait commencé, sur la Croisette, vingt-cinq ans après sa Palme d'Or controversée pour Sexe, mensonges et vidéo. Choix étonnant par ailleurs de la part du cinéaste de terminer sur un film qui dénote sensiblement du reste de sa filmographie - même si le sujet de l'homosexualité avait déjà été vaguement effleuré dans Magic Mike (qui n'était en rien un film homosexuel - juste un film traitant de stripteasers hommes, mais quoi qu'ils en soient, ce sont deux films qui sont à mettre à part dans une filmographie déjà bien remplie). Quand Soderbergh a dit vouloir faire encore un dernier film, on ne s'attendait pas à ce qu'il tourne un long-métrage sur la vie sexuelle de Liberace, qui plus est téléfilm (même si produit par HBO, so it's not TV). Dans tous les cas, un projet en apparence intéressant - et le quatrième film du cinéaste en l'espace d'une année (on saturerait presque).

Ce qui saute aux yeux tout de suite, c'est la direction artistique de grande qualité dont fait preuve Soderbergh ici. Michael Douglas est probablement ici dans l'un des meilleurs rôles de sa carrière, et Matt Damon, dans un type de personnage auquel il n'est pas habitué, s'en sort super bien lui aussi. Les scènes entre les deux personnages (très nombreuses, heureusement), sont souvent excellentes - une réelle alchimie pour le coup. Mais un autre gros point positif est aussi la mise en scène très réussie de Soderbergh : on le dit pas assez, mais ce type sait tenir une caméra. Y a des plans magnifiques, et l'atmosphère kitsch dans le pure style Liberace donne au tout un intérêt évident. Alors où est le problème ? C'est comme d'habitude chez Soderbergh : si on rentre pas dans le sujet du film dès le départ, on s'embête rapidement. Ça a été mon cas. Si le film n'est pas ennuyant à mourir non plus, il faut dire qu'il manque de pep's à certains moments - car si certaines scènes exaltantes (les séquences de concerts très réussies), tout ça reste souvent sur la base d'un scénario un peu trop plat (même si autobiographique car adapté du livre du vrai Scott Thorson).
Il est clair que Michael Douglas aurait mérité son Prix d'Interprétation que tout le monde lui donnait avant l'heure (et qu'il n'a finalement pas eut), mais probablement pas plus que ça : on reste face à un film de bonne facture, mais loin d'être marquant, mais qui surtout permet une approche nouvelle sur une personnalité très peu connue en Europe.

Ma vie avec Liberace n'est pas un mauvais film, et on a du mal à croire que ça soit réellement le dernier film de Soderbergh - loin d'être inoubliable, mais cependant bien écrit et superbement interprété, on était en droit d'en attendre beaucoup plus, surtout que le contexte et le personnage s'illustraient comme un sujet en or. De bonnes choses, mais le tout reste trop lent et souvent vain. Mais on reste admiratif de la façon dont l'homosexualité est abordée sans aucun tabou, chose quand même très rare dans les productions américaines contemporaines.
Vivienn
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le 24 août 2013

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Vivienn

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