Il n'y a que de la poudre aux yeux derrière la candélabre.

Ma vie avec Liberace est peut-être le dernier film de Steven Soderbergh, mais c'est aussi pour Michael Douglas un grand come-back (largement médiatisé par le festival de Cannes et aussi par sa victoire sur son cancer de la gorge).

Le film donne la part belle à ses deux acteurs principaux et à leur idylle houleuse (Matt Damon et Michael Douglas) et la mise en scène de Soderbergh est discrète et, c'est là quelque chose qu'il faut saluer, elle sert totalement les personnages. Il y a un harmonie très belle entre l'ambiance visuelle du film et la progression de la relation entre les deux hommes.

C'est un véritable cocon qui est créé par le réalisateur et, malgré les repères chronologiques qui se succèdent, nous passons deux heures hors du temps, à l'extérieur de ce que pouvait être les années 70, presque enfermés dans la villa de Liberace, pris au piège au cœur d'une relation aussi intense que conflictuelle. Nous vivons dans le monde de Liberace, qui peut se présenter comme une sorcière très séductrice qui emprisonne dans son donjon les jeunes bellâtres qui ont le malheur de tomber entre ses mains. Le pauvre Scott Thorson sera pourtant celui qui aura le plus atteint la Bête. Liberace est dépendant de lui, autant que Scott n'a de cesse de lui démontrer son amour. La vie du couple dépasse les limites et frôle de nombreuses fois le morbide. Il s'avère très compliqué et très douloureux de suivre les affres et les envies du pianiste au candélabre. Scott va quasiment jusqu'à perdre son identité pour se conformer aux attentes de l'artiste et l'artiste, arrivé au point où il est allé trop loin dans la création de son oeuvre (Scott lui-même), n'en veut plus et la délaisse.

Ma vie avec Liberace est un film sur l'illusion, d'où cette surenchère constante dans les décors et l'éclairage. On ne peut que saluer enfin les interprétations de Michael Douglas (constant du début à la fin) et de Matt Damon (qui ne cesse d'évoluer et de jouer sur les nuances).